SPIDE – Rodent
(Vergo records)
C’est toujours un peu la même histoire d’échanges transatlantiques : pendant que beaucoup de groupes américains revendiquent de plus en plus des influences frenchy (Gainsbourg toujours, mais aussi… Air, par exemple encensé par les Jayhawks) on assiste de notre côté de l’océan à l’éclosion d’une scène indé-folk-américanophile florissante. Peut être aussi parce que les anglais ne se sont jamais trop occupés d’acclimater les cactus musicaux de leurs cousins/rivaux. Laissons les anglais dans leur île : les nouveaux venus de Spide -du collectif Vergo records- entrent sans complexe dans l’arène de cette americana made in France. "Rodent" offre une musique tout abîmée, écorchée, de traviole et de traverse : à peu près à mi-chemin entre le blues primitif et détraqué des premiers Smog ("The croft") et la fragilité gracieuse de Sparklehorse ("Impotence of me") . Pour autant, Spide ne se contente pas de complaintes décharnées et interminables : grâce à un sens des micro-arrangements musicaux (violoncelle, trompette), à l’utilisation judicieuse de quelques rythmes minimaux, et surtout à un vrai travail de composition ("Under the great big deeper") on évite largement les aspects les plus déprimants du paupérisme neurasthénique. Et à quelques détours de chansons (les "la la la" de "Reefer", "Daddy"), on perçoit nettement l’influence de l’axe Guided by Voices/Swearing at motorists. Moins roots que Red, moins urbain que Herman Düne, moins "classique" que Santa Cruz, Spide vient dignement compléter cette association de cowboys hexagonaux.
Laurent
Under the big great deeper
The croft
My queer time out (pm)
Reefer
Fadore
Nevertheless (part III Beautiful Day)
Nevertheless (part II Impotence of me)
Daddy
Rodent
Nevertheleess (part I A screaming sun)
Hold out your paw