LISA GERRARD / PATRICK CASSIDY – Immortal Memory
(4AD/Beggars Banquet)
Nick Hornby, dans son dernier ouvrage « 31 songs », en parlant d’un morceau de Rufus Rainwright, affirme que, mÍme si il est profondÈment athÈe, il lui arrive parfois de croiser Dieu dans certaines chansons. L’Ècoute de ce disque de Lisa Gerrard et Patrick Cassidy me fait rejoindre totalement le point de vue de l’auteur de High Fidelity.
Lisa Gerrard (ex-chanteuse de Dead Can Dance) possËde une voix indÈniablement hors du commun, une voix d’enchanteresse. Sa nouvelle oeuvre solo, composÈe avec Patrick Cassidy, compositeur de musique classique irlandais, confirme trËs largement cette orientation « divine ». La diva s’Èloigne ici des aspects World de Dead Can Dance, pour se diriger vers une musique orchestrale et cinÈmatographique (elle a travaillÈ sur la B.O.F. de « The Passion Of The Christ » de Mel Gibson). Elle propose alors des chansons calmes, pures, linÈaires, empreintes de religiositÈ. Envotant, « Immortal Memory » nous emmËne au-delý des contingences matÈrielles de ce monde, comme un voyage initiatique ý la dÈcouverte d’un passÈ endeuillÈ par des guerres de religions. Les rÈfÈrences bibliques et historiques sont omniprÈsentes : chant en hÈbraÔque ou en aramÈen sur la base du Nouveau Testament (« Abwooll »), sublime et ultime « Psallit In Aure Dei » ý la mÈmoire du pËre de Patrick Cassidy et de Thomas de Celano (disciple qui a relatÈ la vie de St Francis et ý la mÈmoire), ou encore une chanson sur la bataille pour la possession de l’Irlande (« The Song Of Amergin »). « Immortal Memory » nous fait voyager dans des temps sombres mais somptueux, avec pour guide la voix de Lisa. Et il faut bien avouer que le travail de cette femme reste quelque chose d’exceptionnel : ses prouesses vocales donnent au disque un cÙtÈ intemporel, qui touche la partie la plus sensible de notre Ítre. Elle souhaitait faire de cet enregistrement une expÈrience transcendantale, un moment qui dÈfie la Mort : les dix morceaux retracent le cycle de la vie, tout en suggÈrant la possibilitÈ d’une rÈsurrection. Mais Lisa Gerrard attend aussi de la patience et de l’effort de l’auditeur ; ce disque exige que l’on rentre dans l’introspection. Le chemin est long vers la lumiËre, mais une fois entrÈ dans ce disque, hypnotisÈ, on n’en revient jamais tout ý fait.
The Song of Amergin
Maranatha
Amergin’s Invocation
Elegy
Sailing To Byzantium
Abwoon
Immortal Memory
Paradise Lost
I Asked For Love
Psallit In Aure Dei