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DJ Spooky That Subliminal Kid – Rythm Science Excerpts And Allegories From The Sub Rosa Audio Archive

DJ SPOOKY THAT SUBLIMINAL KID – Rythm Science Excerpts And Allegories From The Sub Rosa Audio Archive
(Sub Rosa) [site]

DJ SPOOKY THAT SUBLIMINAL KID - Rythm Science Excerpts And Allegories From The Sub Rosa Audio ArchiveD ère le pseudo DJ Spooky That Sublimal Kid se cache un certain Paul D. Miller, artiste conceptuel, écrivain et musicien, qui livre ici son neuvième album, et son quatrième chez Sub Rosa. Habitué du grand écart entre le texte littéraire et le mixage de sons, pouvant s’enorgueillir de collaborations prestigieuses et variées avec Steve Reich, Iannis Xenakis, Yoko Ono, Pierre Boulez, Thurston Moore ou le Wu Tang, aussi à l’aise avec le jazz, ou le classique que le hip-hop, on comprend qu’il ait été séduit par la proposition du label : construire à partir d’archives sonores religieuses, littéraires et musicales un grand mix qui les ferait cohabiter selon des rapports étranges d’échos, de contrepoints et d’équivalences insoupçonnées. Dans les notes de l’album, il présente son projet de la manière suivante : "je voulais que Rythm Science hérite d’un même sens de l’incertitude ethnique, sociale, et surtout psychologique… Qui décide de ce qu’est une culture évoluée et pourquoi ? Pourquoi privilégier une forme d’expression artistique à une autre ?". Fort de ce parti pris relativiste et pan-humaniste (sic), il déroule ainsi une rythmique hip-hop sous l’imprécation paranoïaque d’Antonin Artaud, il enrobe des textes de Marcel Duchamp dans l’électro raffinée et ténébreuse d’Oval, il fait se rencontrer au sommet, dans un moment d’extrême intensité, Luciano Berio et Bill Laswell, j’en passe et des meilleurs. Jouant habilement d’une esthétique diffuse des contraires, travaillant au cordeau la mise en rythme des langues les plus poétiques du vingtième siècle (e.e. cummings, James Joyce, William Burroughs, Vladimir Maïakovski, Guillaume Apollinaire, entre autres), il parvient assez bien à échapper au risque avéré du grand pot-pourri universel ("Rythm Science" avait tout de même pour sous-titre, excusez du peu, "The Mix"). Le disque a néanmoins le défaut de diluer un peu le discours des écrivains, de le réduire au statut d’élément sonore parmi d’autres, et l’écoute des soixante-dix-neuf minutes de la composition n’épargnera pas à l’auditeur le décrochage d’attention régulier. Néanmoins, le projet, dans sa démesure et sa prétention, fascine plus qu’il n’irrite, et laisse émerger un certain nombre de moments émouvants : le délire répétitif de Gertrude Stein, la déclamation du "Pont Mirabeau" par Apollinaire himself (ça change de Marc Lavoine) ou le très joli apophtegme bouddhiste susurré par Sussan Deyhim en intro et en clôture : fais un pas en dehors de toi, le chemin tout entier ne s’étend pas plus loin qu’un pas. Je vous laisse méditer.erri

David

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