NICOLAI DUNGER – Here’s My Song…
(Dolores Recordings / Labels)
La pochette du nouvel album de Nicolai Dunger annonce la rupture. Alors que l écédent album, l’inusable "Tranquil Isolation" affichait une campagne américaine des grandes plaines, ce "Here’s My Song" fait poser notre beau Suédois dans une ambiance et un graphisme très "Scott-Walkeriens". Du folk ancestral et archaïque au music-hall en grandes pompes, Nicolai Dunger saute le pas. Ceux qui étaient attachés à ses chansons humblement ouvragées mais terriblement accrocheuses et attachantes risquent d’être décontenancés.
Entouré des Mercury Rev et des Soundtrack Of Our Lives, deux groupes qui ne sont pas réputés pour leur demi-mesure et leur parcimonie, Nicolai Dunger chante au devant d’un orchestre hétérogène fait de cuivres, de cordes, de guitares, de claviers, de xylophones… Ce qui saute aux oreilles de prime abord, c’est le chant éraillé, toujours sur le fil, en contrepoint total avec la production de l’album. Ce contraste d’un chant sans-peur, souvent poussé dans ses retranchements, et d’une instrumentation au cordeau donne au disque une belle couleur musicale, évite les redites et les comparaisons trop lourdes. Le disque compte ainsi de grandes réussites comme ce « Hunger » à l’entrain communicatif ou ce « Country Lane », où les guitares se prendraient le temps d’une chanson pour les sirènes plaintives de l’Odyssée.
Malgré tout, Dunger peine parfois à trouver sa place. Si ses chansons folks n’innovaient en rien, elles étaient néanmoins empreintes d’une sincérité et d’une personnalité musicale forte. Elles étaient reconnaissables, identifiables parmi toutes comme le sont celles d’Herman Düne par exemple. Sur « Here’s My Song », le Suédois perd un peu de cette spécificité, tombe parfois dans le pathos, alors que nous l’avions toujours connu hors des sentiers battus, ne jouant jamais facilement sur la corde sensible. « C’est Jeff Buckley ? » m’a demandé un ami à l’entente de l’album. Parfaite anecdote, finalement, pour résumer l’impression donnée par certains titres. Pourtant il faut avouer que Dunger réussit parfois son coup dans ce registre, sur « Someone New » en particulier. Pour le reste, l’album est irréprochable, laissant transparaître une irrépressible envie de jouer, de chanter et ce sans ménagement.
monsieur Morel
My Time Is Now
Hunger
Slaves (We’re Together Like)
Someone New
White Wild Horses
Tell Me
Country Lane
Way Up High
The Year Of The Love And Hurt Cycle
Harp’s Coming In
…And Falling Out