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Lambchop – Interview

Incarnation vivante de ce que peut être la musique populaire lorsqu’elle conjugue simplicité et exigence, Kurt Wagner, leader du collectif Lambchop, semble bien en passe de devenir avec « Awcmon/Noyoucmon », nouveau chef-d’œuvre d’ores et déjà promis à la postérité, l’une des figures incontournables de la musique indépendante américaine. Rencontre avec un personnage désarmant d’humilité qui, visiblement, ne connaît pas la langue de bois. 

Que signifient les titres des deux albums « Awcmon » et « Noyoucmon » ?
C’est une expression typiquement américaine, une blague, qui n’a pas réellement de sens par rapport à l’album. Cela m’amusait, c’est tout, ce côté chamaillerie : « Allez, viens… Nan, toi viens… ».

Peux-tu nous raconter la genèse de cet album, qui je crois est assez particulière ?
En fait, à l’époque où je travaillais sur de nouvelles compositions, j’ai été contacté par les organisateurs du festival du film de San Francisco, pour que Lambchop vienne jouer live durant la projection d’un film muet, « Sunrise », de Murnau. J’ai donc commencé à plancher sur ce concept, mais je me suis rapidement retrouvé avec beaucoup plus de matériel qu’il n’en fallait pour l’album. Le format a donc évolué pour devenir ce double album où l’on trouve aussi bien des morceaux directement inspirés de « Sunrise » que d’autres totalement étrangers à ce concept, que j’écrivais au même moment.

Il est question que vous fassiez une tournée où vous jouerez pendant la projection du film. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
C’est en effet un projet qui nous tient à cœur. Pouvoir projeter le film et interpréter la musique en direct est quelque chose qui pourrait être assez excitant. Mais nous ne savons pas encore si cela sera réellement possible. Jouer dans ces conditions nécessite certaines contingences techniques assez délicates. Jouerons-nous dans des salles de concert normales ? Comment dans ce cas équiper la salle pour la projection ? Ou jouerons-nous dans des salles de cinéma, rarement aménagées pour qu’on puisse y donner des concerts ? Tout ça est encore assez flou…

Revenons au contenu de l’album. En quoi ces conditions particulières pour l’élaboration du disque différencient-elles celui-ci des autres ?
Au final, ce disque n’est pas si différent des autres.

Il semble y avoir sur cet album une grande diversité. Des instrumentaux, assez orchestrés (« Sunrise » et « Being Tyler », ou encore « The Lone Official »), des titres plus soul, proches de « Nixon », (« Under A Dream Of A Lie » ), des morceaux rocks plus étonnants (« Nothing Adventurous Please »), du Lambchop plus classique (« Four Pounds In Two Days »)… Comment situer ce disque dans la discographie de Lambchop ? Pourquoi une telle variété ?
Sur les disques précédents, nous avons toujours essayé de manière plus ou moins consciente de faire des albums artistiquement cohérents, presque conceptuels. « Nixon » était notre disque de soul, ou tout du moins notre hommage à la soul music, « Is A Woman » se voulait un disque intimiste, essentiellement basé sur le piano, etc. Avec ce nouvel album, j’avais à l’inverse envie de quelque chose de plus ouvert. Depuis que je me consacre à plein temps à la musique (ndlr : jusqu’à peu, Kurt Wagner travaillait encore comme ébéniste), je compose beaucoup plus. Je me suis donc retrouvé avec tout un tas de morceaux aux couleurs assez différentes. Au final, j’ai gardé cette diversité, ce qui donne à l’album une tonalité beaucoup plus éclectique. C’est un peu notre « best of » (rires). Certains titres sont assez proches de ce qu’on faisait au début, avec ce côté brut et électrique, d’autres sont beaucoup plus proches de l’esprit intimiste des derniers disques. C’est, je crois, assez fidèle à ce qu’est Lambchop aujourd’hui.

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