MOWER – People Are Cruel
(Transcopic / Chronowax)
Sont-ce les conclusions tirées de sa propre expérience au sein du monde musical qui ont poussé Matthew Motte, le leader du trio Londonien Mower à intituler son second album "People are Cruel" ? Car de la première version de ce groupe Anglais héritier de John Spencer Blues Explosion, il ne reste plus rien hormis quelques ruines (un nom et un membre). Délaissé par ses compagnons de route alors que son premier opus s’apprêtait à envahir les charts Anglais, Mower s’annonçait comme un groupe mort-né, amputé de ses organes vitaux malgré le bon vouloir de son chanteur-compositeur (une tournée en solo pour défendre son bébé). Dès lors la question délicate de la poursuite de l’aventure s’imposait. La réponse ? Elle viendra de Graham Coxon qui, en sa qualité de superviseur et de co-pilote de l’écurie Transcopic, préférera lui redonner une seconde chance au lieu d’une éviction brutale de la maison mère, privilégiant les relations humaines et artistiques à la rentabilité de la machine financière. Belle leçon d’humilité de la part de l’ex guitariste de Blur qui, malheureusement, ne se traduira pas en un coup d’éclat sur la future galette. En effet, si Matthew Motte a su retenir les leçons du passé et s’entourer des bonnes personnes notamment en la personne de Stephen Street, producteur attitré des Smiths et de Blur, il va pêcher sur les archétypes du groupe garage/rock du moment. Car la musique de Mower, qui intronise les Hives et autres International Noise Conspiracy, souffre bien d’un manque récurrent d’imagination comme le démontre la plage d’ouverture "After Dark" (pourtant premier single) aux guitares trop lourdes et à la construction un peu trop pràvisible (cf. les braillements du refrain et la montée en puissance des guitares). D’ailleurs, le trio aurait très bien pu s’appeler "The Mower" tant la comparaison avec ses petits camarades londoniens "The Libertines" est flagrante sur certains titres. Et, même lorsque le combo s’aventure sur des terrains plus power pop, la désillusion est tout aussi grande, avec souvent des mélodies plates qui s’enfilent telles des perles les unes à la suite des autres sans goût ni saveur et que l’on a coeur de finir au plus vite pour passer à autre chose. Pourtant, l’espace d’un instant, on croit entrevoir une brèche, un éclair de génie, sur la ballade "No One Is Royalty" à l’humour très décalé et aux fortes consonances "dubienne". Mais une fois le morceau achevé le soufflé retombe bien vite et les Mower reprennent leurs habitudes de mauvais garçons. Le destin semble donc bel et bien s’acharner sur Matthew Motte et son groupe et, au lieu de le chanter, Matthew Motte ferait mieux de mettre à exécution le titre de sa chanson : "Wake Up Mower" !
Florian
After Dark
The Morning After
The The Drugs Came Out To Play
Cruel Nature
No One Is Royalty
Dark Clouds
Rest In Peace
No Right No Reason
Sun Sun Sun
Just Say No
Wake Up Mower
It’s Going To Be A Long Night