TUE-LOUP – Tout Nu
(Le Village Vert / Wagram)
"Tout Nu" est peut-être moins un best of que le nouvel album de Tue-Loup. "Tout Nu", c’est Tue-Loup sans batteur ni bassiste, juste Xavier Plumas et Thierry Plouze autour de leur guitare et un d’harmonica, avec ce qu’il faut d’électricité pour faire marcher les amplis à lampes, le groupe électrogène qui ronfle paisiblement dans un coin de la grange. Et c’est parti pour une relecture du répertoire du groupe. Sans artifice, en une journée de travail, Xavier et Thierry rejouent quelques morceaux de leurs quatre albums. Xavier Plumas chante mieux que jamais, faisant résonner ses textes naturalistes d’amoureux refoulé avec une clarté nouvelle. Les guitares jouent plus doucement que jamais comme pour ensommeiller le mal de crâne qui guette, comme pour adoucir l’âpreté et la cruauté latente des chansons. Pour une fois on se sentirait presque apaisé à l’écoute d’un disque de Tue-loup. Leur saudade folk se fait ouaté au son des arpèges discrets de Thierry Plouze qui entrelace avec délicatesse ses notes cristallines autour des accords de son chanteur. Le guitariste dégaine peu mais fait mouche à chaque fois, des interventions "guitaristiques" qu’on sent à la fois improvisées et précises.eut- L’atmosphère générale du disque n’est pas sans rappeler l’ascétisme et le dépouillement du dernier album de Bonnie Prince Billy. Un titre comme "Joyaux Perdus", qui dans sa version originale ressassait la rupture dans un éclat de guitares finales, s’accomplit ici dans un dénouement paisible et ample à l’harmonica. "Quittons La France", anciennement un hymne à la fuite et au dégoût des autres, sonnerait presque comme un retour inattendu au bercail. C’est dire. Les chansons de Tue-Loup restent tristes, emplies de rancoeur et de bile mais annoncent bizarrement la réconciliation. Sur "L’épou", Xavier Plumas chante comme un Jean-Louis Murat sur un lit de rémission : encore dépité et affaibli mais sur la pente ascendante. Dans sa convalescence le groupe offre la berceuse sous Prozac, "Khamin" qui vient chasser une fois pour toute les derniers nuages de pluie avec sa chorale féminine. Puis, comme le groupe excelle dans les reprises depuis des lustres (Bourvil, Will Oldham, Alain Peters…), un des morceaux les plus savoureux de l’album se révèlera être "Campesino", une chanson du songwriter argentin Ataualpa Yupanqui, petit protégé d’Edith Piaf.
monsieur Morel
Les Sardines
Facteur Cheval
Joyaux Perdus
Putain d’EtÈ
Quittons La France
Paper Box
L’Epou
A La MÍme Enseigne
Khamin
Campesino