THE LADYBUG TRANSISTOR – The Ladybug Transistor
(Track and Field / Chronowax)
L’indice est fugace mais idéal : dans « High Fidelity » (le film) on aperçoit subrepticement une affiche de concert des Ladybug Transistor. Effectivement ce groupe est un délice pour popmaniaque en mal de discussions enflammées (du genre : « Peut-on faire une bonne reprise du « Massachussetts » des Bee Gees ? ») ou de tops five obsessionnels (« Les cinq meilleurs morceaux pop comportant du hautbois ? »). En quatre albums (dont au moins un chef-d’oeuvre), ces jeunes gens bien élevés et pas poseurs pour un sou ont abordé avec révérence mais fraîcheur le pan le plus classieux des musiques sixties : la pop orchestrale. Avec des atouts maîtres : des mélodies limpides, des arrangements baroques mais point trop denses, des références inattaquables (Bacharach, Hazlewood, Mamas & Papas, Beach Boys, Byrds) et la voix idoine de Gary Olson. Leur nouvelle oeuvre les voit quitter provisoirement leur repaire de Brooklyn pour gagner les déserts arizoniens sous la houlette de Craig Schumacher (Calexico). Les vertes pelouses du prospect park vont elles voir débouler des tumbleweeds poussés par un vent brûlant ? A première vue, pas vraiment : cordes cuivres et piano sont toujours au service de luxuriantes mélodies. Seul la pedal steel de Paul Niehaus (Lambchop, Calexico) met la puce à l’oreille : un petit côté western nonchalant. Puis au fil de l’écoute, on se rend compte du bienfait du voyage des cinq ladybug dans le sud-ouest. Une cohérence qu’ils n’avaient peut être pas atteinte auparavant, qui rend les morceaux les plus catchy irrésistibles (le quasi-bubblegum « Please Don’t Be Long », « Hangin’ on the line ») et les chansons douces-amères définitivement indispensables (« Song for the Ending Day », « Choking on Air »). Ce groupe apollinien et discret a trouvé là son point d’équilibre parfait entre le technicolor et la musique de chambre, comme l’illustre la pochette – recto : les Ladybug dans une petite église ocre / verso : les Ladybug font des ricochets sur un immense lac. N’oublions pas de saluer la bouffée d’air qui entre dans l’album dès qu’intervient la délicieuse voix de Sasha Bell – qui au passage vient de sortir sous le nom de Finishing school le complément d’écoute idéal au disque de ses camarades. Enfin, preuve du bon goût de ces incurables romantiques, la reprise du « Splendor in the Grass » de Jackie DeShannon qui fut pour moi le morceau pop crève-coeur de l’année. Une déclinaison mélancolique et élégiaque des premières fois, l’ode ultime aux amours et dépits de jeunesse (« The first love I ever had / the first time I went mad / … /The first time I had hurt / The first time I did wrong/If I had one wish I’d ask to relive splendor in the grass » – j’arrête là avant de tout citer), une chanson parfaite qui briserait en deux jusqu’à Lemmy Mötörhead. Si jamais il y a un jour un « High Fidelity 2 », gageons que les Ladybug Transistor y auront une place de choix.
Laurent Vaissière
These Days in Flames
In December
3=Wild
Song for the Ending Day
Choking on Air
The Places You’ll Call Home
Gospel
Please Don’t Be Long
NY — San Anton
Hangin’ on the Line
A Burial at Sea
Splendor in the Grass
The Last Gent