OKKERVIL RIVER – Down the river of golden dreams
(Jagjaguwar / Chronowax)
J’ai toujours suivi d’assez près le parcours d’Okkervil River sans avoir pourtant écouté une seule note de ce combo, juste intrigué par le nom, quelques collaborations (avec Julie Doiron, Daniel Johnston…) ou par ce que j’en avais lu ici ou là. Lorsque l’opportunité de chroniquer le second album d’Okkervil River au titre très onirique de "Down the river of golden dreams" s’est présentée, la tentation était grande.
J’appuyais ainsi sur la touche lecture de ma platine comme je serais venu à la rencontre d’un ami d’ami, comme précédé par sa réputation. Drôle d’impression de prime abord puisque je m’attendais à découvrir ce que j’ai l’habitude d’entendre en provenance du label Jagjaguwar, à savoir des chansons folks feutrées, calmes comme un champ en jachère du Nebraska, aussi peu douillettes mais néanmoins confortables comme un vieux armchair de bois rongé par le temps, parsemé d’échardes potentielles.
Quelle surprise alors d’entendre l’album débuter par ce "It ends with falls" qui après un début avec ce qu’il faut de neurasthénie est vite rattrapé par la fougue… Voilà que les claviers Hammond sortent leurs dents et embrasent le morceau, emmené également par un chanteur sans peur, qui pour une fois ne singe pas Will Oldham. Mais ce n’était que sur le troisième morceau, "For the enemy" que j’allais en fait connaître mon bonheur de la journée avec un rebondissement où une montée de claviers réveille le morceau dans un crescendo soudain à faire pâlir un disque d’Al Green. Fougueux : c’est encore le seul mot qui me revient. Fougueux comme un live de Dylan : c’est un peu le bordel, c’est un peu chargé, les mélodies pourrait mieux tirer leur épingle du jeu mais ça joue et ça chante sans compter, ça appelle cordes, trompette et trombone en renfort.
Cette bonne impression se poursuivra sur le reste de l’album où nos folkeux arrivent à injecter une bonne dose de sex-appeal à un genre qui aime parfois se complaire un peu trop dans la sous-production, dans le chant susurré et les instruments qui grincent. On imagine bien Okkervil River vouloir faire du bruit comme pour défier le monde mais sans vouloir pour autant faire du rock à particule "The". Le frisson est souvent au rendez-vous aux détours de chansons ivres de bourbon et de désespoir, emplies de rage et de revanches, comme le sont les soirées de biture ("The Velocity of Paul…") ou les disques des Pogues. A parier aussi qu’au-delà de cette rancœur échevelée, Will Sheff, figure de proue d’Okkervil River, a écouté Sam Cooke et Otis Redding. Ce qui est tout à son honneur.
Mr Morel
Down the river of golden dream
It ends with a fall
For the enemy
Blanket and crib
The war criminal rises and speaks
The velocity of Saul at the time of his conversion
Dead faces
Maine island lovers
Song about a star
Yellow
Seas too far to reach