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Mendelson – Interview

 

MENDELSON

Le troisième album de Mendelson est inchroniquable… L’art de surprendre y est élevé au rang de loi absolue. Ce disque est définitivement trop déroutant pour être raconté dans l’espace trop étriqué d’une chronique de webzine. Le mieux était donc de rencontrer le très grand (ndlr : 1m90, 1m95 , 2m ?) Pascal Bouaziz et de le laisser s’expliquer sur cette oeuvre inclassable…

J’ai l’habitude de commencer par des questions stupides du type : en ce moment, que lis-tu, que regardes-tu et qu’écoutes-tu ?
(Longue hésitation)… Ce que je regarde en ce moment : « Ordinary People » de Robert Redford. ce que je lis…hum…je viens de finir « La conjuration des imbéciles » et ce que j’écoute, c’est la question la plus dure pour moi : le dernier Ween.

Justement, j’ai pensé à Ween à l’écoute de « Seuls au sommet »… Dans l’idée d’une musique débridée, presque loufoque… j’ai l’impression que l’album a été enregistré quasiment live.
Ah oui oui. En fait j’écrivais les chansons la semaine et le week-end on les enregistrait. Guitare, basse, batterie et je faisais souvent la prise voix en direct et puis, avec Charlie O., le clavier, on réarrangeait des trucs les week-end suivants. Les autres ayant repris des boulots, on pouvait se voir que le week end de toute façon. On a donc travaillé comme ça : du « live » retravaillé par derrière.

On sent même parfois une certaine improvisation…
Oui, effectivement c’est un truc qu’on peut se permettre étant donné qu’on joue ensemble depuis longtemps. Mais bon, c’est compliqué de parler d’improvisation car c’est souvent mal compris par les gens. Souvent dans l’improvisation, les gens se regardent jouer et c’est tout.

Je pensais plutôt à une marge de liberté laissée à chaque membre mais toujours dans la limite de la trame mélodique de la chanson. C’est aussi quelque chose qu’on sent au niveau des textes…
C’est ce que je retiens de Ween, cet aspect « on se refuse rien ». On a envie de faire un merengue avec un mec qui prend un accent espagnol grotesque sur des textes hyper noirs et hyper drôles à la fois, on le fait et on le fait très bien. Là pour cet album, on a enregistré tout ce dont on a envie et si on part dans une direction, on va à fond dedans et on voit à la fin ce qu’on en fait. Effectivement, il y a un côté très décontracté, très libre… Quand ça fonctionne, on le garde et on bosse dessus. Et c’est vrai que les derniers textes sont vachement plus… décontractés, j’ai envie de dire ça, je dis ça et je me pose pas plus de questions.

Oui, ça me fait d’ailleurs penser à cette chanson assez ambitieuse dans son format et dans son texte « Les petits frères des pauvres ». On dirait presque une performance. Le texte ne semble pas pré-écrit.
(Sourire)… Ah ben ça c’est du boulot. C’est du travail pour que t’arrives à penser qu’il n’est pas écrit.

C’est qu’on croît vraiment à une inspiration instantanée.
Ce que je dis souvent c’est que ce qui paraît naturel suppose en fait un travail monstrueux. Et pour que ça coule tout seul et qu’on ne voit justement pas le travail, c’est un travail dingue. Justement, « Les petits frères des pauvres », c’est un de mes plus vieux textes qu’on avait pas réussi à mettre sur l’album précédent. Du coup, on a fourni un travail énorme. Je tenais beaucoup à ce qu’il figure sur l’album. On l’a donc retravaillé, remonté…
Finalement, je n’ai pas eu trop de mal à l’écrire ce texte, j’ai surtout eu du mal à couper dedans.

Mais est-ce que sur des chansons de ce format là, la voix ne devient pas un instrument au même titre que les autres ?
(Hésitations)… Ça, je ne saurais pas te dire. La voix comme un instrument… Oui, effectivement, c’est une évidence pour moi. Y a ce que je dis et puis y a comment ce que je dis se marie avec le reste.
Mais je suis content que t’aime bien « Les petits frères des pauvres », parce que ç’a été un très long chemin…

Ca a du effectivement être assez compliqué. J’ai du mal à penser l’enregistrement d’un tel morceau (ndlr : 11 minutes…).
Ben, c’est un enregistrement sur quatre ans… On a enregistré la section rythmique en 99…

Et toi, tu la supportes toujours cette chanson après 4 ans de genèse ?
Ben oui, c’est même une de mes préférées. Pour moi, il se passe tellement de choses dans les textes… Je les aime beaucoup. J’aime bien les gens dont je parle… Ils me font rire. Et tant qu’ils me font rire, ça va.

Tes textes sont dans l’ensemble assez explicites. J’ai l’impression que tu pourrais presque citer des noms, que tu pourrais raconter ta vie et ton environnement dans sa réalité la plus pragmatique.
Disons que si je peux piquer un truc dans la « vérité vraie », si ça fonctionne dans la chanson, j’hésiterai pas à la faire. Mais personne ne s’en apercevra. C’est déjà arrivé d’ailleurs…

 

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