CALI – L’Amour parfait
(Labels)
De l’amour et du pas frais. De l’amour salement vache. De l’amour dont on discourt pour en assainir les humeurs : de l’amour qui fait souffrir avant, railler pendant, haïr après. Du saignant et du mal digéré. De l’amour noir chanté avec humour, à moins que ce ne soit l’inverse. Voilà, c’est Cali, du moins tel qu’on peut en parler en réduisant son art musical à un propos, celui qu’il affiche lui-même avec ironie en texte et en image sur son premier disque : l’amour parfait. Et si ce n’était que cela, cela ferait simplement de lui un personnage ambivalent ; côté pile, le bréviaire du parfait macho : la fille d’avant est « une conne », celle qui le trompe une « salope (…) bonne qu’à sucer des Pokémons », et « bon débarras » à celle qui va, peut-être, enfin, partir ; côté face, des bouffées d’espoir et de désespoir fatalement romantiques, le chant d’un éclopé qui va de l’attente à l’étreinte, du ciel au caniveau, en un aller-retour constant et consenti : « alors, l’état de grâce ressemble donc à ça. Si le prix à payer est mourir étouffé de chagrin, on s’en fout, ça vaut le coup d’aimer ». Un gros cœur d’artichaut, un incorrigible paradoxal, un « adulescent » tiraillé entre la gaudriole et le désir d’éternité. Mais, heureusement pour lui, Cali est aussi un vrai musicien qui a su, sur la durée de l’album, donner une belle forme au paradoxe. Un piano allègre pour faire rire du chagrin, d’amples envolées de cordes pour envelopper une humeur détestable. Et ces petits riens savoureux : l’accent du Sud qui bute drôlement sur les consonnes et les diphtongues, les dérapages absurdes et burlesques (les apartés sur « Il y a une question », le final baroquisant du « Grand jour »), et les perles tombées du ciel (« Tes désirs font désordre », Tout va bien »). Suffisamment de petits riens pour oublier les faiblesses de certains textes (l’abscons « Différent » par exemple) ou quelques arrangements faciles. De quoi espérer que l’idylle perdure, de quoi exiger enfin de nouvelles preuves d’amour, et tant pis pour la perfection.
David
C’est quand le bonheur
Elle m’a dit
Pensons à l’avenir
Il y a une question
J’ai besoin d’amour
Dolorosa
Tes désirs font désordre
C’est toujours le matin
Le grand jour
Fais de moi ce que tu veux
Différent
Tout va bien
L’amour parfait