ZOOT WOMAN – Le Nouveau Casino, 10 octobre 2003
Rien ne sert de lire "The Face" et de faire son shopping chez Colette si c’est pour manquer le concert parisien de Zoot Woman, le groupe "trendy" du moment. Après l’impeccable "Living in a Magazine", le trio composé de Jacques Lu Cont (les Rythmes Digitales, Pour Homme et directeur musical sur la dernière tournée Madonna, s’il vous plaît) et des frères Blake présentait au Nouveau Casino son nouvel album, "Zoot Woman". Un disque un poil en dessous du précédent. Les synthés tout droit venus des années 80 sont pourtant bien là, la voix asexuée de Johnny Blake aussi, mais il manque à ce second opus les prodigieux hits electro-pop de son prédécesseur. Pas grave, le concert au Nouveau Casino était l’occasion de réentendre tout ça et de faire le tri.
En première partie, Lillë, une habituée des lieux, minauda par dessus une mixture trip hop avant de s’éclipser sur un a capella qui se voulait plein d’émotions. A vrai dire, le public masculin avait plus d’yeux pour le nombril de la belle que d’oreilles pour ses performances vocales.
Arrive Zoot Woman, trois coupures de mode, tirés à quatre épingles. Le groupe assortit bien les différents titres de ses deux albums, livrant des versions très fidèles des meilleures de ses nouvelles compositions: "Gem", "Grey Day", "Taken It All", "Maybe Say", "Half Full Of Happiness". Bonne surprise : la voix de Johnny Blake, qu’on imaginait faiblarde en concert, passe en fait très bien, pas du tout ridicule à côté des décibels des batterie, guitare et samplers. Mauvaise surprise : les tubes tant attendus de "Living in a Magazine" sont présentés dans des versions retravaillées moyennement satisfaisantes. "Information First" et "Living in a Magazine" paraissent jouées sans mélodie, juste en voix et rythmique. Dès lors, privés de leurs synthés volants, donc de leur souffle, les morceaux semblent cloués au sol, peinant à remuer le public. Un comble pour de telles perles, d’autant qu’on tenait en la personne de Jacques Lu Cont un bricoleur génial peu avare de nappes électro pop grisantes, inspirées de Depeche Mode, Human League ou Duran Duran. Mais à quoi bon conduire une Ferrari si c’est pour rouler en seconde? "Jessie", jouée en quasi acoustique, avait de quoi séduire mais, là encore, une version plus proche de celle de l’album n’aurait pas été de refus. Quant à "The Model", elle est la grande absente de la soirée. Au rappel, les membres du groupe échangent leurs places pour reprendre, assez platement, "Helter Skelter" des Beatles. Signe qui ne trompent pas : les lustres du Nouveau Casino, habitués à se balancer en rythme à la moindre vibration, bronchent à peine. De retour chez soi, on réécoute les deux albums et la magie opère à nouveau. Bah, après tout, ce n’était pas si mal. Mais qu’est-ce que ça coûte cher, quand même, "The Face"…