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Lady and Bird – Interview

Ca commence par un rendez-vous matinal au musée de la vie romantique. Une grille, une allée ombragée qui aboutit sur une cour pavée et fraîche sous le soleil de fin d’été. Au milieu de la cour, une table de jardin autour de laquelle deux personnes patientent. Au milieu de la table trône une bouteille de vodka, « Black Death » dit l’étiquette. Ca commence bien.

Je pensais rencontrer Bardi Johannsson, la tête pensante des Islandais de Bang Gang et Keren Ann, la chanteuse qu’on ne présente plus et je me retrouve face à Lady et Bird, deux enfants piégés dans des corps d’adultes. Une gorgée de vodka plus tard (il est à peine plus de 10h00) nous entrons dans un des salons du musée. Entre une mèche de cheveux de George Sand et un moulage de la main de Musset, l’ambiance est respectueuse et boisée, Lady s’enquiert des fonctions de mon enregistreur : « Il y a un rayon laser ? Tu peux tuer des gens avec ? J’aime pas la technologie ». J’entends une voix me dire « Vous venez d’entrer dans la 4ème dimension ». L’interview peut commencer.

NB : je vous conseille de tendre l’oreille pour entendre la voix de Shepard, leur ami invisible, et aussi pour reconnaître les citations de leurs chansons qui constituent un bon tiers des réponses de ces deux enfants perdus.

Bird : il y a des enfants qui crient dehors, peut-être qu’ils sont là pour nous embêter. (NDLR : On entend les bruits de la cour de récréation d’une école toute proche )
Lady : oui, je crois que c’est fait exprès.

Avant de commencer je voulais vous dire que votre disque a fait peur à un petit garçon de 3 ans. Il a pleuré en entendant la dernière chanson.
Lady : il habite où ?

A Reading en Angleterre
Lady : c’est normal, les gens à Reading pleurent souvent.

Et ça vous fait quoi de faire pleurer les enfants ?
Bird : ça ne me fait rien.
Lady : je pense juste que les gens de Reading pleurent beaucoup.
Bird : c’est terrible que les enfants pleurent.
Lady : (un peu décomposée) merde, c’est la première fois que ça nous arrive…
Bird : c’est assez marrant
Lady : ce n’est pas quelque chose qu’on avait prévu (sourire gêné) c’est terrible. Je ne voulais faire pleurer personne.
Bird : je m’en fous qu’il ait pleuré. C’est pas ma faute.
Lady : oui je sais, c’est pas de notre faute mais … Si quelqu’un ressent quelque chose en écoutant l’album, ce n’est pas de notre faute.
Bird : ça le préparera pour plus tard. Parce que forcément l’un de ses proches va mourir et c’est bien de se préparer à ça assez tôt. Mais ce n’est pas un album pour enfant. C’est un peu comme si tu emmenais un gamin voir un film d’horreur, le gamin pleurerait.
Lady : mais ce n’est pas un « album d’horreur ». Ca pourrait être un album pour enfant parce qu’il y a une histoire qu’ils peuvent suivre. Mais en tant qu’enfant, si quelqu’un auquel tu es attaché meurt … Tu sais, la première chose dont on se rend compte en naissant c’est qu’on va mourir un jour.
Bird : mais on n’est pas mort dans l’album.
Lady : oui, il faut dire à cet enfant que nous sommes toujours en vie. A la fin de la chanson, il peut toujours nous entendre parler.

Et tout est dans vos têtes (dernière phrase prononcée sur l’album).
Lady : Oui, tout est dans nos têtes.

Pour en revenir à l’album, j’aimerais savoir comment vous vous êtes rencontré.
Lady : on ne peut pas en parler.

Non ? donc vous vous êtes retrouvé côte à côte comme dans la première chanson de l’album et c’est tout ?
Lady : oui
Bird : on a atterri dans un studio
Lady : à Bruxelles
Bird : et à Reykjavík
Lady : et à paris
Bird : et à Sudavik
Lady : et ailleurs… On y était, c’est tout, on était dans tous ces endroits, mais on ne sait pas comment on en est arrivé là.
Lady : tout ce qu’on sait c’est qu’on a un abri à Bruxelles où sont rangées toutes nos affaires. Mais on ne sait pas comment on est arrivé là. On a juste atterri dans ces corps et on a enregistré cet album.

Ok … Hum …Donc, vous avez atterri dans ces corps ? Mais ce ne sont pas vos vrais corps ? A quoi vous ressemblez vraiment ?
Lady : On n’a pas de représentation physique. Nous sommes des enfants coincés dans des corps d’adultes. Mais c’est seulement la façon que nous le disons dans votre langage. Shepard l’a exprimé ainsi pour nous.

Oui… et qui est Shepard ? parce qu’il apparaît sur l’album aussi.

Lady :il est là (elle pointe le doigt vers une 4eme chaise vide un peu à l’écart entre elle et Bird)
Bird : c’est notre ami
Lady : c’est le troisième membre de notre … groupe.
Bird : tu peux l’entendre sur « Shepard’s song » et aussi sur …
Lady : sur « the morning after » et sur « the ballade of Lady and Bird »
Bird : on peut l’entendre au fond…

Vous savez pourquoi vous avez fait un album, pourquoi avez-vous choisi la musique pour vous exprimer ?
Bird : pourquoi pas.

C’était la façon la plus adaptée pour vous exprimer ? plutôt que le dessin ou l’écriture ?
Bird : non, la musique c’est ce que nous avons choisi. Il n’y avait rien de planifié.
Lady : oui, nous n’avons rien planifié. On s’est juste retrouvé dans ces corps.
Bird : en train de faire cet album.
Lady : et de faire plein d’autres trucs aussi (sourire) et… oui…

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