ELBOW – Cast of Thousands
(V2 / Sony)
La première écoute m’a laissé quelque peu indifférent, il faut l’avouer. Mais paradoxe, l’indifférence, ça finit par intriguer, alors j’y suis revenu. C’est bien, Elbow. Ce deuxième album en clair obscur contient tout ce qu’il faut de mélancolie, d’intensité mais ne force pas à l’abus de Kleenex. Les mélodies ne sont jamais faciles, les structures des morceaux sortent des sentiers battus et l’ambition manifeste du disque ne fait pas le lit de l’emphase. La production est à la fois aérée, sans surcharge et riche, parsemée ça et là de quelques petites touches plus expérimentales qui retiennent l’attention au fil des écoutes et fait montre d’un soin du détail enviable (exemples parmi d’autres : le côté orientalisant de "Snooks", un des titres marquants à la première écoute, le choeur gospel du morceau introductif, "Ribcage", et du grandiose "Grace Under Pressure", l’émotion touchante de "Fugitive Motel" et de sa rythmique très Talk Talk). Guy Garvey, chanteur rouquin et auteur barbu des textes de son état, célèbre avec retenue ce mariage entre profondeur et immédiateté, entre confort et dépaysement et ne déparerait pas, vocalement parlant, en Peter Gabriel du XXIème siècle, impression renforcée par la légère coloration world de certains titres.
Mais voilà : "Cast of Thousands" a beau être exactement aux antipodes d’une quelconque hype superficielle, et malgré tous les compliments sincères énoncés plus haut, il ne provoque chez moi qu’indifférence polie et, malgré quelques moments plus intenses, à peine plus d’excitation que le nouveau Sting. Irréprochable, "Cast of Thousands" fait figure d’ultime album romantique pour les gens qui ont passé l’âge de l’être à l’excès. Bienvenue dans l’âge adulte.
Guillaume
Ribcage
Fallen Angel
Fugitive Motel
Snooks (Progress Report)
Switching Off
Not a Job
I’ve Got Your Number
Buttons and Zips
Crawling With Idiot
Grace Under Pressure
Flying Dream 143