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Disques

Ulrich Schnauss – A Strangely Isolated Place

ULRICH SCHNAUSS – A strangely isolated place
(City Centre Offices / Morr Music / Ici d’ailleurs)

OPIATE - Sometimes (EP)Le rétro-futurisme a encore de beaux jours devant lui. Vous voyez bien de qui je veux parler : non pas de ces hurluberlus construisant pour la frime hollywoodienne une machine à remonter vers le futur, mais de ces musiciens qui, loin d’envisager des engins si complexes, se contentent de pédaler à fond dans la pente pour démarrer un solex de fortune (quelques vieux synthés, une guitare blues) en regardant systématiquement dans le rétroviseur. Là, vous y voyez plus clair. Ce n’est pas que je sois complètement critique du genre : car, dans le néo-punk ou le revival électro eighties ambiants, il y a un certain nombre de gens chez qui la nostalgie ou la frime n’ont pas leur mot à dire. Ils ont simplement goûté au biberon ces breuvages un peu toxiques qui sont désormais devenus leur carburant. Comme le rappelait récemment Eudeline dans un papier sur les White Stripes, c’est le fait de fans, peut-être ringards ou conservateurs, en tout cas, indéniablement sincères, du premier degré quoi. Et puis, à côté de ceux-là, il y a le fait plus retors d’artistes qui, après quelques prodiges novateurs, se mettent tout à coup à regretter Albator ou Candy, les manches chauve-souris, les yeux charbonneux, et les papiers à fleurs de leur enfance, et donnent dans le projet régressif, tellement hype, malin et cynique qu’on ne sait plus trop quoi en penser. Dans le genre, on a eu le "Discovery" de Daft Punk, plus récemment le "Black Cherry" de Goldfrapp, et l’on a aujourd’hui, tout aussi inattendu mais moins démesuré, "A strangely isolated place", le nouveau disque d’Ulrich Schnauss. Résumé du premier épisode : Schnauss se fait connaître par un premier album "Far away passing by", élégant mélange de minimalisme électro et de poussées mélodiques, disque qui déroulait à son rythme, lent et contemplatif, un certain nombre de boucles sobres et envoûtantes. Ici, chose rare, le romantisme rime avec sobriété. Second épisode : c’est la révolution, inexplicable et soudaine, les synthés ont mué en d’archaïques machines à la fois lourdes et vaporeuses, des voix apparaissent, réverbérées, comateuses, pour susurrer d’improbables "I don’t need you, I cant’ see you, I don’t love you" (mais encore ?), il y a des effets de basse et de cuivres synthétiques, ça dérape et ça chuinte comme une mécanique emballée et pétaradante. C’est parfaitement sidérant à la première écoute, moins déstabilisant et presque agréable par la suite, mais on continue intérieurement à se demander : pourquoi ? Si je n’ai pas de réponse toute faite, j’ai tout de même un léger soupçon rétrospectif et je réécoute le premier album avec une certaine inquiétude, et peu à peu, je me ravise : "ah oui, tel effet de synthé, telle mélodie, c’était déjà en germe", de quoi éviter de dresser trop vite un piédestal, de quoi éviter d’assassiner une suite qui ne mérite pas de l’être. Mais le mystère du sens de ce projet demeure entier. Ceux qui ont résolu les équations "Discovery" et "Black Cherry" me donneront des cours de rattrapage.

David

Gone forever
On my own
A letter from home
Monday – paracetamol
Blumenthal
In all the wrong places
A strangely isolated place

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