FESTIVAL- DANS LA SERIE DES INAPERCUS…
Dans la série des Inaperçus, septième édition, encore au Glaz’Art, étrange salle orange porte de la Villette… et nous sommes encore là, cette fois, en formation commando, pour suivre ce festival défricheur, cette année ramassé sur une semaine, avec une soirée consacrée à la Belgique pour commencer. Notez bien les noms en gras, on pourrait réentendre parler d’eux à l’avenir.
28/01/03
Mené par une Geisha vampirique à la sexualité apparemment débridée et sûre de son fait avec les hommes, Starving n’est pas une proie facile à saisir. Composé de six membres, remplissant la totalité de l’estrade du Glaz’Art, ce groupe belge a une indéniable présence scénique, en grande partie due à son aguicheuse chanteuse.
Profitant d’une section rythmique solide, quoique peu originale, les synthés n’éprouvent aucune peine à venir alléger l’ensemble des compositions, évoquant même à certains moments, par son côté bricolo-psyché, le Mercury Rev de "Yerself Is Steam".
Dans son entreprise plus rock, Starving suscite quelques doutes, notamment à l’occasion de morceaux empreints d’une variété contestable pas toujours du meilleur goût. En définitive, bien qu’inégale, la prestation de ce groupe laisse envisager de belles évolutions.
Il y a quelques années, une poignée de privilégiés a pu assister au premier concert bruxellois de Pavement. Pour tous ceux qui l’auraient malheureusement manqué, Girls in Hawaii propose un excellent cours de rattrapage. A l’origine un duo, Girls In Hawaii sur scène c’est beaucoup de guitares, et un chanteur qui se donne sans compter. Le set bien qu’un peu court est tubesque et passe en revue les 9 titres de leur premier album. Entre introspection approximative et musique enlevée (festive diront certains) les chansons s’enchaînent facilement, les mélodies évidentes et le rythme effréné séduisent facilement le public qui se rapproche très vite de la scène et de l’action.
Auteur l’an passé d’un ambitieux album, "Music Drama", My Little Cheap Dictaphone arrive à en retranscrire sur scène l’éclat et l’intensité bouillonnante, et ce n’est pas le moindre des exploits. L’apologie de la déglingue, une spécialité belge pour clôturer cette première soirée consacrée aux rejetons du plat pays.
29/01
C’est le grand retour des vétérans rennais de 13th Hole, accompagnés de deux nouveaux membres, dont une chanteuse italienne d’apparence timide. Leur pop tendue et sans compromis fait mouche et le groupe va même jusqu’à abandonner les guitares et s’autoriser un interlude électro simple mais bien vu en cours de set. La suite du concert lorgne même vers Blonde Redhead, (c’est un compliment).
Grande satisfaction de la soirée, le post-rock dopé à l’électronique de Frigo hurle à qui mieux mieux, ménage ses effets, et confirme tout le bien que l’on pensait du groupe, qui se classe haut la main parmi les ténors du genre, pourtant bien embouteillé. Dans le trio de tête du festival pour cette année.
Mais manifestement, pour un public nombreux, la star de la soirée, c’est Dead Pop Club. En ce qui me concerne, le rock lourdingue de ces garçons très tendance ne parviendra pas à me faire risquer de louper le dernier métro (ce qui est souvent le signe d’un concert réussi au Glaz’Art).
30/01
Les très mystérieux Stasola, accompagnés d’une sexy bassiste de choc, ouvrent le bal avec une grande classe. Samples, énergie et jeu de scène digne de ce nom font pour une fois bon ménage. Sans conteste, le concert le plus original et intriguant du festival, et sans bandelettes.
Les grenoblois de Melk servent sur un plateau d’argent une électro-pop élégante et savante. Programmations maîtrisées et samples intelligents font finalement oublier les références apparentes du groupe (Portishead, l’incontournable OK Computer…). Le chant de Sabrina se délie sur des phrases de clavecins, de cordes, de basses synthétiques et des guitares judicieusement retenues mais toujours essentielles. Melk exerce un réel pouvoir de séduction, comme en témoigne leur tube "The unseen", à la rythmique sourde mais addictive. Alors que le premier album de Fabio Viscogliosi, le merveilleux "Spazio", accompagne depuis sa sortie les soirées cosy au coin du feu et enlumine les ambiances indolentes de fin de soirées, l’idée d’entendre cette musique poétique dans l’inconfort d’une salle de concert semble un peu incongrue. C’est sans compter sur le talent de Fabio qui impressionne non seulement par l’exécution superbe des extraits de son album mais surtout par une présence scénique impressionnante. Alors que sur album il est discret, poétique et bucolique, sur scène il est tendu, débordant d’énergie sautillant et surtout absolument charmant. Impossible de lui résister. Il déroule avec ses compagnons de scène (dont le superbe JM Pires) un set sans accroc, fort, bruyant, ébouriffant, changeant du tout au tout par rapport aux atmosphères parfois feutrées de l’album. Le public malgré l’heure tardive et le dernier métro déjà parti en a le souffle coupé. Le meilleur set du festival à mon humble avis et je vous enjoins à jeter une oreille sur l’album distribué par le très bon label Microbe.
31/01
Premier sur scène en ce soir de clôture du festival, Asyl s’est avéré être la relative meilleure surprise de la soirée. Délivrant un rock fiévreux à mi-chemin entre Placebo et les Strokes, nos quatre héros énervés ont fait parler la testostérone et mouillé la chemise. Regards décérébrés, poses glamour-trash et gesticulations dignes des plus grands maîtres du vaudeville rock’n roll ont même semblé trouver un certain écho dans un auditoire qui s’est surpris à taper du pied et hocher de la tête, approuvant ainsi les efforts un peu racoleurs de ces dignes représentants d’un rock’n roll sulfureux et grandguignolesque. Notons au passage la virtuosité indéniable du guitariste et, accessoirement, la braguette semi-ouverte du chanteur. Seule interrogation : pourquoi n’ont-ils pas cassé leurs instruments à la fin ? On est un peu resté sur la nôtre, de faim.
Que dire de Beth sinon que c’est un très honorable groupe pop FM (c’est l’époque qui veut ça) qui a parfaitement rempli son contrat : nous divertir. Entre K’s Choice et Zazie.
Madinka avait donc la lourde charge de clôturer cette édition des Inaperçus au son d’une new-wave à la française directement héritière, semble-t-il, d’Indochine. Cette filiation un peu lourde et agaçante pour toute personne qui n’est pas fan du combo de Nicola Sirkis rend ce set un peu décevant. Il me permet néanmoins de me remémorer ce voyage en car lors de ma classe de neige de CM2 et à l’occasion duquel j’avais revêtu le casque de mon walkman, le volume de "L’aventurier" poussé à dix. Les ailes me poussaient presque dans le dos et il s’agit finalement d’un de mes premiers souvenirs musicaux. Pour ce moment de nostalgie scolaire, Madinka, je vous remercie.
Fred, Gildas, monsieur Morel, Refau et Guillaume.
Merci à Pascal et à toute l’équipe du Glaz’Art.
Liens vers les sites des groupes :
Starving
Girls in Hawaii
My Little Cheap Dictaphone
13th Hole
Frigo
Dead Pop Club
Melk
Stasola
Beth
Madinka
A l’année prochaine !!