RICHARD THOMPSON – The old kit bag
(Cooking vinyl/Naive)
On peut le dire maintenant qu’il en est parti : à l’exception du dernier "Mock Tudor", je n’ai jamais trop goûté les disques de Richard Thompson période Capitol. En fait, et l’anthologie sortie en 2001 le montrait clairement, ces albums étaient handicapés par le son atmosphérico-étouffant du producteur Mitchell Froom, qui n’a jamais compris l’anglais au point de le noyer dans une production vaporeuse et hors sujet (la prise de son foireuse de l’intro de washboard sur "I can’t wake up to save my life" pour ne citer que celle-là). Mais les chansons restaient marquées au sceau du génie, lequel pouvait donner sa pleine mesure dans "Mock Tudor" : une fois débarrassé de Mitchell Froom, Richard Thompson sortait son meilleur album depuis, foulala, presque vingt ans.
Première nouvelle, celui-là est quasiment aussi goûteux. C’est le premier pour son nouveau label Cooking Vinyl puisque Richard Thompson, à l’âge où ses copains de régiment recomptent fébrilement leurs points retraite, redémarre une nouvelle vie active chez les indépendants. Le producteur est bâillonné, ils sont trois-quatre au maximum à jouer là-dessus, avec une certaine Judith Owen qui harmonise sur la moitié des titres, histoire de rappeler que les disques de Richard et Linda Thompson étaient aussi excellents. Pour le reste, si l’emballage est un peu moins flottant et plus direct, le contenu demeure étincelant et prompt à convaincre fans et critiques (les seconds forment la grande majorité des premiers ; quant au grand public, il est resté jusque-là indécrottablement rétif mais il est toujours temps de s’y mettre) : jeu de guitare, que ce soit acoustique ou électrique, à la fois simple et flamboyant, sens de la composition à enseigner dans les écoles de songwriting si quelqu’un avait la bonne idée d’en ouvrir une, et pessimisme lucide dans les lyrics (toutes les chansons de Richard Thompson sont marquées d’une vision désenchantée des rapports humains, mais sans rancœur ni amertume). Mes titres préférés changent à chaque écoute (ce qui est toujours bon signe) même si se détachent au final les morceaux que ce baroudeur de la route a rodé sur scène ces dernières années : "Gethsemane" (cavalcade sonique qui rappelle un Crazy Horse à la sauce anglaise), "Sight unseen" et "A love you can’t survive". Grand bonhomme, super disque, très chaudement conseillé.
Jean-Christophe
Gethsemane
Jealous words
I’ll tag along
A love you can’t survive
One door opens
First breath
Destiny
Got no right
Pearly Jim
Sight unseen
Outside of the inside
Happy days and Auld Lang Syne