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Disques

Michael J. Sheehy – No Longer My Concern

MICHAEL J. SHEEHY – No Longer My Concern
(Beggars Banquet / Naïve)

MICHAEL J. SHEEHY - No Longer My ConcernLors de premières parties minimalistes pour cause de restriction budgétaire, je me prenais à penser que finalement le meilleur moyen de juger de la qualité d’une chanson et de son interprète était de les mettre face au dépouillement. Une prestation en solo avec comme seuls outils une guitare et une voix, il n’y a que ça de vrai. Les bons s’en sortent bien, les autres sont vite démasqués faute de pouvoir dissimuler l’indigence mélodique de leurs compositions sous des arrangements poseurs, les bidouillages électro et autres cargaisons de décibels. Certes la formule est simpliste et n’est en rien absolue mais elle demeure néanmoins instructrice à bien des égards. C’est ainsi qu’assistant à plusieurs concerts ouverts par Michael J. Sheehy, je prenais conscience que ce bonhomme était tout de même sacrément doué pour l’écriture mélodique et l’interprétation. Seul et renfermé, muni d’une seule guitare électrique à la reverb ample et de sa voix profonde mais toujours fragile, Sheehy réussissait à captiver. C’était presque avec regret que je voyais ensuite débarquer son groupe pour des morceaux plus costauds voire lourdauds.

En effet je préfère le Michael J Sheehy des jours blafards, celui qui plafonne aux alentours des 75 bpm et des 60 décibels, celui qui joue les Elvis langoureux et dépressifs, l’Alan Vega, période Jukebox Baby, au rock-a-billy paralytique, le Chris Isaac sous Prozac, le Tom Waits maigrelet. Ca tombe bien "No Longer My Concern" explore un peu plus ce versant que ne le faisait son précédent album "Ill Gotten Gains".
"Distraction Yourself From The Doom" débute joliment cet album autour d’un piano doté de ce qu’il faut de larmoiement. "Dark Country Moment" voit l’apparition d’une Alison Show des Cranes judicieusement utilisée à contre-emploi tellement sa voix de lolita contraste avec la noirceur générale de l’album. "Mary Bloody Mary" révèle tout ce que notre anglais sait faire de mieux : une guitare aux idées simples pour servir un slow à vouloir se languir le reste de ses jours au près de sa douce. Tout au fil de l’album Michael J Sheehy crée une tension doucereusement malsaine portée par un son d’une rare limpidité. Sombre et lumineux, tout le succès du musicien tient dans ce paradoxe. A ce titre notre anglais n’est pas si éloigné que ça des californiens de Spain.

Malheureusement l’écriture de Michael J Sheehy pâtit sur la longueur d’un trop lourd systèmatisme qui le rend bien vite prévisible. Même si les compositions restent toujours agréables et bien construites, l’impression de connaître leur issue au bout des trente premières secondes se fait trop souvent sentir. "No Longer My Concern" a de surcroît aussi du mal à se renouveler et devient sur la fin platement unidimensionnel à cause de quelques redondances. Pour ces raisons notre talentueux architecte musical n’a pas encore signé son grand album. Mais il n’est pas impossible qu’il y remédie vite puisque la nécessité d’un tournant se fait plus que nécessaire à présent, à l’aube d’un quatrième album. La qualité de ce nouvel opus ne peut que nous donner confiance en lui.

monsieur Morel

Distracting yourself from the doom
Donkey ride straight to hell
Dark country moment
Mary, bloody Mary 1
Balad of the pissed apostle
Pigboy
Teardrop time
Modest beauty
Mary, bloody Mary 2
Pretty little bouquets
Swing low
Twisted little man

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