LES TRANSMUSICALES – Rennes, Décembre 2002
Introduction
Les Transmusicales ont longtemps été pour moi ce que sont encore le 31 décembre et le festival interceltique : un bon prétexte pour tomber bien bas, la bière collée à la main et la joue au pavé. Les seules notes de musique entendues étants celles, joyeuses, du magasin où nous allions nous ravitailler avant de nous tailler ravis. Cette année c’est différent, je suis investi d’une mission, prendre le pouls des Transmusicales. J’ai donc échangé mes boules Quiès et mon cerveau de nuit à un tunning man contre la blouse blanche de son infirmière de femme et, en voiture Simone.
Développement
1er jour
Tout commença gentiment pour moi. Je décidai dans un premier temps de me chauffer les oreilles au village. Les amis, la foule, la bière et la rock’n roll attitude des Craftmen Club me donnèrent l’agréable certitude que Bud Spencer n’était pas mort dans une explosion. Je devais sans doute sourire comme un crétin comme les fans de rock persuadés d’être là où il fallait être mais je m’en foutais car c’était dans cet état d’esprit plus que sympathique que je voulais commencer ma tournée des foules.
19H, Saint Jacques, ses avions, ses coquilles et son air libre. Arrivé à Venus. Malgré les places assises et le son minable des premiers rangs je fus vite conquis par la sincérité de ces 4 mecs en résidence à l’air libre et de leur charmante claviériste à l’air libre évident. Commencer un concert par l’arrivée sur scène de 10 petites chanteuses à la croix de bois n’étaient pourtant pas pour moi la meilleure façon de m’émouvoir (ça ne vaut pas Yann Tiersen sur écran géant) mais de ce fait l’ambiance était posée dans l’air. Plus question de faire les marioles, on s’assoit et on écoute. C’est passé sans casser ni toucher les bords du panier, ce concert a coulé de source du début (après les petites filles, désolé) jusqu’à la fin. Il a juste fallu une reprise de "come on baby light my fire" et qu’un crétin de rackam le rouge choutté au space cake danse comme un blaireau sur le coté de la salle pour que le public redescende comme il était arrivé ; debout mais avec deux heures de bonheur en plus. Si j’avais su, je le serais, Venus.
Comme rackam, je me retrouve un peu plus tard chez les cow-boys mexicains du Liberté pour Calexico. Des moustaches, pas mal de monde, et des chapeaux. Belle formation (3 guitares, 3 trompettes, 3 violons plus le reste) pour belle musique des jours de fête et comme ça en est un je me casse boire une bière, ou plusieurs, je ne sais plus.
Ennui profond au bar vip, un vieux fan des Stooges me tombe salement dessus au sens propre. Comme il est déçu du concert, je lui offre une bière pour lui remonter le moral, il finit par remonter le mien. L’ambiance feutrée du bar vip m’indispose, quelques allers-retours, rien de convaincant. On me réveille très élégamment sur un gradin, le Liberté bas est vide, je rentre sans dire au revoir à Mister Scruff, c’est dommage c’est quelqu’un que j’aime beaucoup.
2ème jour
Je quitte un anniversaire avec un peu de gâteau sur ma bière, la peau du ventre bien tendue, je me dirige vers le Liberté où quelques amis m’attendent toujours. C’est avec une de leurs amies, qui ne les trouve pas non plus, que j’assiste au concert que je voulais voir, Jagga Jazzist. Le jazz scandinave a du bon mais Ninja Tune n’est pas ECM et Jagga Jazzist n’est pas Garbarek. Une formation pareille ne peut laisser indifférent personne, une musique stylée et franche que j’ai pris dans ma gueule. Des allures de free jazz aux beats éléctros et où, une fois n’est pas coutume, une batterie accoustique s’en sort largement ; le charismatique batteur est d’ailleurs en grande partie responsable de l’homogénéité et de la réussite de cette session. Ce Cinematic Orchestra des temps présents a plus que du bon, et, au risque de choquer les ligues de vertu et d’avoir les RG au cul, je crois même qu’il a du très bon. S’ils m’écoutent je les remercie pour les poils hérissés et pour la semi-érection que ma voisine de gauche a pris pour elle.
Apres le jazz de Ninja Tune, l’abstract hip hop de Warp avec Boom Bip, j’y étais, j’ai retrouvé un pote qui m’a dit "pas mal du tout". Dj Dsl, j’y étais, je ne l’ai entendu que d’un œil mais je dirais "pas mal du tout".
3ème jour
Mal à la tête, je vais être cours et limite désagréable si vous me coupez la parole. Antipode, Goldchains top avant deux groupes pas top (enfin largement moins bons). 2 superbes choristes aux culottes en coton qui auraient très bien pu être choristes de Trans am si Trans am avait fait du Hip Hop.
Ensuite 2 salles pour deux concerts très attendus : Stupéflip à la cité et 2 Many Dj’s. Comme souvent à la téci c’est complet et les casquettes sont à la mode, il fait froid, moi et mes cheveux décidons de nous casser et d’attendre la sortie de l’album. Le Liberté c’est un peu plus grand, j’y rentre donc un peu plus facilement. La meilleure ambiance de mes yeux vue depuis la nuit des Trans ; une foule toute en cadence, des poings levés, des tee shirts et des vrai gens qui volent. Pas le temps de se lasser, les deux belges, une fois lancés enchaînent bombes sur bombes, Nirvana par là, Beastie Boys par ici, leur furet court à toute allure et le public en redemande. S’il était possible de se tuer en sautillant tout sourire, ils seraient tous morts, ne resteraient alors que les sautillants kakis qui font la gueule, ce serait quand même dommage.
Au même moment plus haut, les guitares et autres ont remplacés les platines qui au même moment plus bas s’activent (voir plus haut). Les black tigresses d’ESG font leur nid, tout le monde y est convié, tout le monde y est content, "génial" m’a t’on dit un peu plus tard au bar. Un peu plus tard au bar (vip bien sûr), je fais chier une gonzesse qui (bien sûr) m’envoie chier, je rentre bourré, sans parenthèses.
Conclusion
Les transmusicales sont maintenant pour moi ce que le 31 décembre et le festival interceltique sont pour une jolie petite famille de Larmor plage ; un agréable moment à passer, plein de bonheur, de bonne musique pittoresque et où les gens tout de même, il faut bien l’admettre, boivent un peu trop.
Seb