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Concerts

Dominique A – Le Trianon, Paris, le 25/11/2002

DOMINIQUE A. – Paris, Le Trianon, 25/11/2002

DOMINIQUE A. - par Guillaume SautereauCela fait tout d’abord (un peu) bizarre de retrouver Dominique A. sur la scène du Trianon, et simultanément, en coffret rétrospectif dans les bacs de nos supermarchés culturels. Lui qu’on a connu bricolo sur sa barquette, à enregistrer des disques dans sa cuisine et à nous les jouer comme si l’on était dans son salon, on le retrouve dix ans plus tard, meilleur que jamais, dans une grande salle assise et luxueuse, devant un public fourni, à la fois débordant d’enthousiasme et bon enfant (qui tape dans ses mains en rythme parfois, fait des standing ovations aussi).
Un tel bond temporel peut paraître abrupt, mais a le mérite de me permettre de dire sans hésitation que Dominique A. est bien le meilleur et le plus influent des artistes français de sa génération. Voire de la génération d’avant. Un succès public raisonnable tout en restant intègre, une constante remise en question artistique, un style à part entière, une culture musicale pas si éloignée de la notre… voilà qui est rare et précieux. Cela dit, récemment, je me dois de signaler que monsieur A. ne m’a pas toujours pleinement convaincu sur scène, que malgré la réussite brute et osée de "Remué", les deux concerts auxquels j’assistai lors de la tournée qui suivit me laissèrent quelque peu mal à l’aise ("mais pourquoi veut-il avoir l’air aussi méchant alors qu’il ne l’est pas ?"), et que malgré l’excellence d’un "Auguri" (disque de la réconciliation avec soi-même ?), j’avais été un peu déçu par les concerts en groupe que j’avais vus ensuite. Comme ce stakhanoviste n’arrête décidément pas de tourner, les occasions de se rattraper courent les rues, hop, me voilà au Trianon ce soir.
Après une première partie agréable dans le style "produit de synthèse nouvelle chanson française" mais moyennement intéressante, le silence se fait. Une voix jaillit d’on ne sait où, c’est un extrait du "Point de côté" de Dominique Petitgand, auquel Dominique A. a participé, dont le texte évoque des problèmes de sommeil soudain (il parait que Pete Sampras a les mêmes). L’assistance est quelque peu décontenancée… Mais place à un Dominique A., en vrai et bien réveillé, qui commence son tour de chant, rituel sur cette tournée, par "Lumières", une reprise de Manset tiré de l’album du même nom. Superbe, ça commence fort. Dominique joue donc seul, s’accompagnant à la guitare. Il sample parfois des phrases musicales, choeurs improbables transformés en improbables chorales, ou riff de guitares rageur, qu’il met en boucle et sur lesquelles il rejoue, resamplant et sursamplant à l’occasion, à la manière de Joseph Arthur. Il s’autorise ainsi une grande variété de sons et d’ambiance et peut à son aise métamorphoser les versions originales des morceaux, chanté d’une voix à son summum. La plupart du temps, c’est très en place et efficace, et même bluffant. Voire hautement comique quand il créé un mini break au beau milieu du Twenty Two Bar avec quelques bouts d’arpèges superposés : "ça devient chiant là non ?… (rires du public)… on dirait du Sigur Rós (re-rires de ceux qui connaissent)". Pour ce qui est du répertoire, le A. balaie large, très large, on a droit à des titres un peu anciens ("Le métier de Faussaire"), très anciens ("Sous la Neige", splendide), anciens et rares ("Les Menteurs", qui figurait sur le cd single de "L’Amour" et qu’on retrouve sur le récent coffret), des collaborations (des titres du récent "Dominique O. Project", "Bagatelle" tiré du dernier Tiersen, mais aussi sa participation au dernier album des Sixths de Stephin Merritt, "Just Like A Movie Star") ou quelques reprises (en particulier le fameux "J’ai tué l’amour" de Barbara).
Et tout cela fonctionne vraiment très bien, on voit à peine le temps passer et moi qui n’aime pas les rappels, ces simagrées souvent trop convenues, je suis tout de même très très content que Dominique revienne une dernière fois pour "Le Gros Boris" et "La Mémoire Neuve", et je me surprends à penser "Encore !". Et à conclure, admiratif : génial !

Guillaume.
Merci à Timothée

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