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Disques

Exile Inside – Ei034

EXILE INSIDE – Ei034
(Exilophone/Poplane)

EXILE INSIDE - Ei034A quoi pense cette fille rêveuse aperçue tous les matins dans le train? Voilà le genre de question que se pose souvent Jake Shillingford, observateur fantasque et sensible de la vie quotidienne anglaise. Revenu de l’expérience My Life Story, groupe de pop orchestrale à mi chemin entre Pulp et Divine Comedy, le chanteur a troqué son excentrique costume à paillettes contre la blouse blanche de laborantin de studio et de webmaster. Finis le haut de forme, les excès à cordes et les refrains orgasmiques! Place au spleen urbain, aux synthés eighties et aux autoroutes de l’information. Car on ne le savait pas, mais Sir Shillingford n’aime pas que les violons, le champagne et les filles rêveuses dans le train. Il aime aussi les premiers disques d’Orchestral Manoeuvres in the Dark et Internet. De cet amour est né, voilà environ un an, Exile Inside, projet original et duo électronique formé dudit Shillingford et d’Aaron Cahill (ex collaborateur de My Life Story).
Lassé d’avance des contraintes inhérentes à l’industrie musicale (délais imposés, compromis artistiques, financement limité, …), le groupe a décidé de se passer des maisons de disques en créant son propre label via Internet. Qui finance? Les fans, dont l’investissement de départ est remboursé sur les ventes de disques (plus divers bonus: invitations aux concerts, morceaux inédits, etc.). Le groupe 100% Internet compte ainsi produire cinq albums en cinq ans, chose impossible à réaliser dans le cadre d’une major… Premier volet de la série: Ei034.
Avouons-le, la première écoute est décevante. Instinctivement, l’oreille cherche les violons, les roulements de tambours, les refrains explosifs… et bute contre des nappes de synthé. Peu à peu, pourtant, les mélodies émergent, la voix de Jake Shillingford apparaît, débarrassée de ses extravagances, et le pouls élecronique trouve sa place. Les morceaux, lents et mélancoliques, renvoient à divers souvenirs musicaux : les accents Depeche Mode d"’I can’t feel anymore", la guitare carillonnante très James Bond de "Disconcerto", la noirceur ensorcelante de "Taylorville", portrait d’une ville déserte à la "Ghost town" des Specials. On pense aussi au dernier Pet Shop Boys sur l’ambiance cotoneuse de "The will to live", tandis que "Butterfly wings" rappelle "Song for guy" d’Elton John (aïe, la pub pour Heineken!). Plus accrocheurs, "Katrin" égrène joliment ses notes de piano (le titre est brillamment décliné en version française à la fin du disque), tandis que le refrain moog de "She came to stay" rappelle les oscillations mélodiques des Rentals. Enfin, on clot ce premier volet en s’enroulant dans les magnifiques volutes d’"Antiques". La fille du train doit faire de beaux rêves…

Vincent Noyoux

Anaesthesia
I Can’t Feel Anymore
Katrin
Exile Inside
Disconcerto
Taylorville
She Came To Stay
Antiques
I Hear Echoes (When I Scream)
Butterfly Wings
The Will To Live
Goodbye

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