NOONDAY UNDERGROUND – Surface Noise
(Setanta / Pias)
Imaginez qu’un lointain cousin anglais de DJ Shadow se donne pour tâche de recréer en laboratoire le son Tamla Motown ou Northern’ Soul des années 1968/1969 dans son versant le plus mélancolique, et vous aurez alors une idée approchée du miracle qui se renouvèle régulièrement sur ce disque bref, doux et humble : avec une science précise des matières sonores et des orchestrations, une réelle habileté rythmique, et le choix de voix parfaitement adaptées au projet (Paul Weller, Francis Reader des Trash Can Sinatras, et surtout Daisy Mortey), Simon Dine, après un premier album paru en 2001 ("Self Assembly"), poursuit cette aventure a priori déconcertante, qui relève sans doute autant d’une sorte de nostalgie fétichiste que de la volonté d’expérimenter sur un matériau noble : après tout, on peut donner d’autres ambitions à la musique que de renouveler le style Buggles ou de réhabiliter Stock, Aitken et Waterman, ici ce sont plutôt les Turtles ("Nobody but you" reliftant "Happy together") qui sont convoqués, et personne ne s’en plaindra. Dans cet exercice de réanimation de la soul par le sound-writing, le musicien fait souvent mouche, notamment lorsque l’équilibre paisible des voix et de l’arrangement (violon, percussions, guitare psyché) se trouve soudain bouleversé par un intermède électro-symphonique qui place le morceau en apesanteur avant de lui permettre de rétablir sa marche sur la terre ferme ("Closing time" qui termine le disque). Avant d’atteindre cette hauteur de vue, le disque avait déjà égrené nombre de perles : la plupart des morceaux chantés par la belle voix mate, ferme et souple, de Daisy, alternative heureuse à la trop évidente Skye de Morcheeba, des expérimentaux heureux et espiègles ("That noonday sun", "Hitch your wagon to the stars") ou un instantané de tristesse vaporeuse ("Barcelona"). On peut trouver un peu plus convenues ou littérales les interventions de Paul Weller, tombé dans la marmite soul à l’âge tendre, qui ne retrouve pas ici la grâce de Style Council ou même de son dernier disque, "Illumination", sur lequel a œuvré Simon Dine. Mais l’ensemble, tenu et délicat, ne souffre pas de ces apparentes baisses de régime. On souhaite simplement à son auteur de trouver ici et ailleurs le public qu’il mérite, et au tout-venant curieux de musique d’aller au-delà de la discrétion du projet (pochette crépusculaire, titre trompeur) pour en goûter la beauté délicate.
The surface noise
Go it alone
That noonday sun
Nobody like you
Windmills
Boy like a timebomb
Friends of the garden pt. 1
I’ll walk right on
When I fall
Friends of the garden pt. 2
Barcelona
Hitch your wagon to the stars
Thunder park
Closing time