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Concerts

Luna – La Boule Noire, Paris, 25 octobre 2002

LUNA – La Boule noire, Paris, 25/10/2002

Dans ce monde fou où tout change tellement vite, il est parfois nécessaire de se raccrocher à de l’immuable. La musique de Luna, par exemple. De la même manière qu’ils sortent, à quelques détails près, toujours le même album (composé de deux types de chansons : les lentes et les un peu moins lentes et un peu plus bruyantes), les New-Yorkais semblent donner, peu ou prou, toujours le même concert. Entre le souvenir qu’on garde de leur passage à la Laiterie de Strasbourg pour le festival des Inrocks, il y a tout juste cinq ans, et cette prestation à la Boule noire, peu de différence, à part les nouvelles chansons, bien sûr, et la bassiste, une petite blonde mignonne qui fera ce soir-là une Brigitte Bardot très convenable sur la fameuse reprise de "Bonnie and Clyde". Pour le reste, on est en terrain connu : les guitares sonnent comme dans un rêve, soit quelque part entre le Velvet 69 et Television 78 ; Dean Wareham a toujours autant de classe et aussi peu de charisme et chante, comme d’habitude, à la façon d’un canard qui s’ennuie ; Sean Eden, le second guitariste (Wareham et lui s’échangent selon les morceaux les rôles de lead et de guitariste rythmique) sort les mêmes blagues incompréhensibles que jadis, et n’a pas dû voir un peigne depuis longtemps ; enfin, le groupe s’abstient de jouer ses morceaux les plus évidents (pas de "Bobby Peru", et toujours pas "This Time Around" et "I Slash Your Tires"). Bonnes sélections des anciens albums tout de même, avec des perles comme "California", "Tiger Lily", "Friendly Advice", "23 minutes in Brussels", "Freakin’ and Peakin’", "Chinatown" (près de la moitié de l’album "Penthouse", en fait) ou "Dear Diary", si ma mémoire est bonne. Et sans aucune baisse de tension. En premier rappel, le groupe joue encore trois chansons avant de quitter discrètement la scène. Le public, chaleureux (le public d’un groupe culte est toujours chaleureux, il n’est pas là par hasard), en veut plus mais les lumières se rallument, la sono d’ambiance se remet en route. On est déjà dans l’escalier quand, soudain, les lumières s’éteignent et le groupe (qui a déjà joué 1 h 30) revient, tout sourire. Et termine (comme à Strasbourg) par une obscure reprise d’un morceau de "Beat Happening" – je crois -, "Indian Summer". Tout bonnement magnifique. Parions que dans cinq ans, Luna reviendra jouer à Paris, dans une salle à peu près aussi grande. Ils n’auront toujours pas découvert ni le hip-hop, ni la techno, et auront échappé au revival electro-pop early eighties. Le public sera le même que ce soir-là, avec cinq ans de plus, Olivier Assayas sera encore juste devant moi. Ils finiront sûrement avec "Indian Summer". Et ils ne joueront toujours pas "This Time Around".

Vincent

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