Loading...
Disques

The Black Heart Procession – Amore Del Tropico

THE BLACK HEART PROCESSION – Amore Del Tropico
(Touch And Go / Chronowax)

THE BLACK HEART PROCESSION - Amore Del Tropico"Amor Del Tropico" est un roman noir, de ceux qui se déroulent dans des trous perdus de Louisiane ou de Floride, de ceux de Charles Williams parsemés de quelques "beautiful losers", de ceux où un amour impossible est le dernier rempart à la médiocrité et le manque d’ambition ambiants, de ceux qui se finissent mal, en crime passionnel le plus souvent.

Le nouvel album de Black Heart Procession évoque en effet tout ça et c’est nouveau. Auparavant le groupe faisait plus figure de compteur livide, de combo désespéré de cité industrielle déchue du nord des Etats-Unis. Maintenant, il serait à sa place dans un bouge de la Nouvelle Orléans où le reggae, la soul, le blues et les musiques cubaines s’influencent mutuellement. Il y distillerait à merveille ses nouveaux morceaux devant un parterre de petits truands, de prêtres vaudous, de meurtriers passionnels tous en train de siroter du rhum blanc, le couteau à cran d’arrêt à portée de main. Il y a effectivement une couleur musicale nouvelle chez BHP, de l’exotisme et de la moiteur en somme. C’est comme si Sixteen Horsepower avait dû se recycler dans le calypso sans jamais vraiment y parvenir, comme si Nick Cave avait dû composer ses "Murder Ballads" pour un Harry Belafonte. Le piano se fait donc plus léger par l’utilisation de rythmiques cubaines ("Tropics Of Love"), des chœurs au loin semblent provenir d’une chorale gospel embauchée pour une messe noire vaudou (l’esprit de Dr John flotte dans l’air), des pincées de percussions latines ("Broken World") ponctuent les chansons, des cordes torrides les enjolivent intelligemment. Mais la musique de BHP demeure aussi glaçante à bien des égards : cœurs cérémonieux ("The Invitation"), rythme comme battu par des machines-outils ("Sympathy Crime"), son chant habité récitant des histoires de crimes et d’amours ("Fingerprints"), ses pianos, ses orgues lugubres ("The Visitor") et sa scie musicale sont là pour vous ramener dans l’univers musical du groupe.

"Amor Del Tropico" est en fait un chaud-froid perpétuel, ce va-et-vient inédit entre le folk blanc mâtiné d’une once de cold-wave et le tropicalisme le plus moite, un aller-retour étonnant entre ballades rouillées et rock accrocheurs ("Only One Way"). Eclectique en un mot. "A Cry Of Love" synthétise plus que tout cette évolution du groupe. Cette chanson est un blues lent qui se serait épris des arrangements de cordes de Michel Galasso sur la BO de "In The Mood For Love". Ce pleur d’amour est le sommet incontestable de l’album. La température y monte très haut.

Mais comme dans tout roman noir qui se respecte, le héros est bouclé pour ne devenir que l’ombre de lui-même au fond d’une cellule sordide, conscient de sa vie ratée et à jamais rattrapable. Alors l’album s’achève ainsi. Un spectre prend soudain le micro et chante : "The way you look through me / I know i am the one who has disappeared" (A la façon dont tu regardes à travers moi / je sais que je suis celui qui a disparu). Du bonheur noir, rien à ajouter.

Mr Morel

The End Of Love
Tropic Of Love
Broken World
Why I Stay
The Invitation
Did You Wonder
A Sign Of The Road
Sympathy Crime
The Visitor
The Waiter #4
A Cry Of Love
Before The People
Only One Way
Fingerprints
The One Who Disappeared

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *