OVERHEAD – Silent Witness
(Naïve)
On ne sait plus, qui de Brian Eno ou d’Elliot Murphy, a un jour déclaré fort à propos que le premier album du Velvet Underground ne s’était peut-être vendu qu’à quelques milliers d’exemplaires, mais que chaque personne l’ayant acheté avait par la suite formé un groupe. Vous me demanderez certainement quel peut être le rapport avec Overhead ?
Avec Overhead, aucun. Avec Jeff Buckley par contre, c’est une autre histoire. Il semble en effet que le passage, trop furtif mais ô combien lumineux, de cette étrange comète américaine, aura marqué les esprits bien au-delà de ce que sa courte carrière pouvait laisser présager. On ne compte plus les groupes, ici ou ailleurs, confessant plus ou moins ouvertement l’influence du jeune prodige disparu. C’est particulièrement vrai en France, où notre étrange pays, pourtant réputé frileux, su accueillir avec les honneurs qui lui étaient dus cette voix directement reliée à des cieux que l’on avait connu moins cléments.
Dernier-né d’une cohorte de jeunes pousses buckleysiennes, voici donc Overhead, groupe francilien au premier album étonnant. Leur précédent maxi, « People’s Silent Witness », paru l’année dernière, nous avait laissés rêveurs, séduits par le timbre charmeur d’un chanteur habité, « Silent Witness » (mais qu’a donc fait le Peuple pour disparaître en cours de route ?) nous confirme aujourd’hui tout le bien que l’on pensait d’un groupe décidément touché par la grâce.
Sur « Silent Witness », des claviers poisseux chahutent les seventies et des batteries jazzy y taquinent la pop. Les guitares se font tour à tour fragiles ou zeppeliniennes, et la voix, magnifique de justesse, tutoie des anges qui ne comprennent pas bien pourquoi ces chants de l’au-delà viennent d’en bas. On pourra toujours tenter d’expliquer à ces suppôts de Jésus qu’ici aussi, on a notre lot de bénis des dieux, de miraculés et de petits veinards habités par l’élégance divine, ces séraphins n’y comprendront que goutte. Car à l’évidence, la musique d’Overhead est faite pour nous, qui nous délectons des climats vaporeux et des ambiances languides, du silence et de la mélancolie. Il faut être soumis à la pesanteur et connaître les affres de la condition humaine pour ressentir ce que cette musique a de céleste. Ou l’art de faire de quelques ritournelles pop un onctueux baume apaisant. Réconfortant et magnifique.
Jan
Innerself
You Call It Love
Air
As Stolen
Waterproof
Monkeys For The People
The Sky Lit Up
Let Us Be
Silent Witness
Melodrame
Letter To A Friend