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Concerts

Hope Sandoval – Paris, le Café de la Danse, 12/09/2002

HOPE SANDOVAL – Le Café de la Danse, Paris, 12 septembre 2002

Un rien suffit parfois à vous dépayser. Une infime variation sur l’échelle des couleurs, et un lieu pourtant familier se transforme en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire en cour des miracles. Certes, il faut sans doute avoir hiberné durant ces dix dernières années pour ignorer aujourd’hui Le Café de la Danse – place désormais incontournable de nos émois noctambules – mais ce bâtiment austère, transformé aujourd’hui en intime salle de concert, nous réserve encore, via une programmation originale et éclectique, de beaux instants d’égarements.
C’était le cas en ce jeudi ensoleillé de septembre où la salle parisienne recevait la ténébreuse Hope Sandoval, autrefois moitié des Mazzy Star et aujourd’hui ambassadrice de charme d’un folk psychédélique et vaporeux de haute volée. On connaissait bien entendu la réputation sulfureuse de la Californienne, et l’on ne fut pas déçu : Hope Sandoval, célèbre pour ses cabotinages et son goût du secret, avait exigé la fermeture du bar durant toute la durée du concert (afin d’éviter tout risque de nuisances sonores), et des appels répétés au silence, via des affiches disposées un peu partout dans la salle, nous invitait à un mutisme de rigueur. On ne badine pas avec la Diva. Mais qu’importe ! Dès les premiers accords d’un "On The Low" magnifié par un groupe inspiré et mené à la baguette par Colm O Ciosoig (ex My Bloody Valentine), on pardonnait instantanément à cette diablesse ses caprices et l’attente excessive qu’elle venait de nous infliger. Installée dans la pénombre d’un bout à l’autre de son concert, Melle Sandoval nous gratifia d’un spectacle enchanteur. Adieu plancher des vaches, le Café de la Danse aux allures de grange était tout à coup devenu une improbable caravelle ou un vaisseau spécial.
La suite ? On s’en rappelle à peine. Tout juste pourra-t-on extirper de notre cerveau embrumé quelques bribes évocatrices : une version tout en retenue et magique de "Suzanne", d’ores et déjà un classique de la belle ; ou un "Around My Smile" étiré à l’extrême par des Warm Inventions en transe ; quelques alléchants inédits ; un harmonica, omniprésent, et bien sûr cette voix à nulle autre pareille. Rares sont les personnes qui, naturellement, retiennent en toute occasion votre attention. Hope, elle, n’a qu’a donner de la voix, sans forcer, pour que l’assistance se retrouve sous hypnose. Son folk urbain, habité par des démons qui n’en demandaient pas tant, prend alors des allures de comptine champêtre aux vertus hallucinogènes indéniables. Les fantômes tant cités du Velvet ou de Jesus & Mary Chain, pacifiés et sereins comme ils ne l’ont jamais été, se mêlent alors à la danse, nous invitent à la transe, pour finalement se dissoudre et disparaître dès la fin de la cérémonie. Les lumières se rallument alors et nous trouvent hébétés. Plus d’âme ni de raison, à peine nous reste-t-il un corps, inapte à se souvenir des minutes passées. Une certitude, pourtant : "We could not live without Hope".

Jan

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