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dDamage – Interview

dDAMAGE – Partie 1

A l’heure où de nombreux groupes venus d’autres horizons prétendent le coeur vaillant investir le hip hop, dDamage fait figure d’heureuse exception. Cela n’est peut-être pas évident à l’écoute de leur musique difficile à classer, mais une bonne partie de l’éducation musicale du duo français est rap. Sans surprise les deux fréres, Fred et Jibé, avaient donc beaucoup à dire sur leur passé, sur leur musique, sur l’engouement actuel pour le hip hop, sur leurs références multi-genres.

La musique de dDamage, c’est un compliment, est assez difficile à catégoriser. J’aimerais donc, question classique, savoir d’oô vous venez musicalement.

Fred: j’ai trente ans. Mon frére a cinq ans de moins que moi. J’ai commencé à écouter de la musique vers l’âge de 9-10 ans. Les premiers trucs que j’ai écoutés, les premiers qui m’ont vraiment marqué plutôt, c’est le titre ‘Scorpio’ de Grandmaster Flash & The Furiious Five. Aprés, toute la vague qui a suivi.. J’étais à fond dedans. J’ai été marqué par les premiers albums de Prince aussi. J’ai été baigné dans la culture hip-hop hyper tôt. J’écoutais vachement de soul aussi. Beaucoup de jazz, Monk, assez tôt aussi. C’est mon oncle qui m’a initié au jazz. Qui m’a initié à beaucoup de choses d’ailleurs. Aprés il y a les émissions de Dee-Nasty qui sont arrivées. Puis j »ai commencé à tagguer. Je faisais partie du crew VEP (Vandales En Puissance) qui comprenait entre autres Oeno, Poser, Omega, Arnak, Eaze, Colorz… Plein de gars. Je tagguais « Rude ».

C’était donc ton nom de graffeur ?

Fred: oui. Le crew VEP a fait la station Louvre, tous les gars qui tagguent se souviennent de cet époque et de cette station défoncée. C’était d’ailleurs passé au journal d’Antenne 2. Des gars ont fait de la prison pour ce truc. J’étais donc à fond hip-hop, soul, jazz. A fond dans cette culture là. Je faisais écouter du rap à mort à mon petit frére. Bien sûr, il me suivait parce que c’était mon petit frére. Mais il a été attiré par le rock et le punk rock assez rapidement. Lui c’était plus Mudhoney, Sebadoh, les Pixies.

JB: oui, le bon côté, c’est que grâce à mon grand frére qui avait 5 ans de plus j’ai commencé à écouter du hip-hop à 8 ans. Le mauvais côté c’est que je n’ai vraiment écouté que du hip-hop et que tout le reste de la musique c’était vraiment de la chiotte. Je me refusais vraiment à écouter d’autres styles. Mais vers 15 ans…

Fred: je lui ai vraiment matraqué le cerveau avec le hip-hop, mais vraiment. Je lui faisais des cassettes avec du Black to the Futur, Tung Twista, Sugar Bear, Black Sheep, Chubb Rock. Il était petit donc il écoutait tout, mais aprés il s’est rebellé…

JB: j’ai découvert des trucs de rock vers 15 ans. Période Sub Pop, grunge, Nirvana, Mudhoney. J’ai commencé à jouer dans des groupes de punk. Et parallélement j’ai fait des collages de bandes, parce que le fait de jouer en groupe me cassait un peu les couilles, en fait. Travailler tout le temps avec les mêmes gens, plier ses idées aux idées des autres… Je n’avais pas de sampler à l’époque, mais ça a commencé par des boucles mal faites sur cassettes. Des nappes de synthés avec des bruits d’ambiance saturés, des choses comme ça. Et progressivement, mon frére qui ne jouait aucun instrument y a pris goût. Il a commencé à faire de la musique de cette maniére là, aussi.

Fred: l’échange se faisait assez naturellement parce qu’on était dans la même chambre. 12 m2, lits superposés. On a commencé à s’acheter du matos, à faire des collages de bandes. Et forcément, je me suis mis à écouter du Mudhoney et les Pixies, et lui continuait à écouter du hip-hop parce qu’on était obligés. Comme on était obligé de dormir l’un au-dessus de l’autre, comme j’étais obligé d’écouter ses ronflements et lui d’écouter les miens, on s’est mis à échanger nos disques. Il a commencé à me faire écouter ses bandes, ses démos, son groupe qui faisait plus ou moins du bordel, des trucs de punk-rock. Et c’est là qu’il a fait l’acquisition d’un Atari Falcon, qu’il a commencé à faire de la musique assez sérieusement. Je m’y suis intéressé et on a commencé à faire notre premier groupe. Je ne vais pas dire le nom parce que c’est inconnu au bataillon. Ensuite, on a travaillé plus ou moins sérieusement tous les deux. On a fait notre premier album pour une exposition. C’est un premier album assez bizarre parce que c’était une commande. Il ne refléte pas forcément toutes nos envies et tous nos goûts musicaux, parce qu’à l’époque on nous avait dit « voilà, c’est une expo, il faudrait telle ambiance ». Mais je ne renie pas du tout cet album.

Il y avait une sorte de cahier des charges ?

JB: non, mais comme on avait une deadline trés serrée, on a été obligés d’opter pour du minimalisme, pour faire du bon travail. C’est quelque chose qu’on aime mais ça ne représente pas tout ce qu’on aime faire. Pour le coup on a fait un album vraiment minimaliste, en mono, avec beaucoup de boucles. Sur l’album d’aprés, on était tellement sevrés du minimalisme et de la répétition qu’on a pris le premier album à contre-pied. On a fait un truc complétement éclaté.

Fred: je pense que ce premier album nous a aidé. On s’est dit effectivement « bon, voilà, maintenant on a fait ça avec une deadline. Maintenant on fait ce qu’on veut, une autre démarche ». A l’époque, le premier album avait plu, même s’il n’était pas distribué.

C’était à quelle date exactement ?

JB: 98.

Fred : aprés il a été réédité par Grafted. Un petit label franco-suisse. Et aprés on a commencé à faire le deuxiéme album avec des « vrais » instruments. Mon frére joue de la guitare, de la basse. Des vrais samples. Je ne veux pas dire qu’il y a des vrais et des faux samples. Mais des samples de nous-mêmes. Nous qui jouons, nos voix. Une vieille guitare toute cradingue. Des samples de break, des samples divers. Des synthés analogiques. JB a fait l’acquisition de synthés analogiques. On a démarché, on a assez rapidement eu de bons échos. Un gars de chez Naïve nous a aiguillé vers Noise Museum. Et Noise Museum nous a signés assez rapidement. Donc voilà Harsh. Mais on a eu quelques problémes avec le label, notamment pour la pochette.

C’est pas celle que vous vouliez ?

Fred: non, elle est à chier. Mais c’est une longue histoire. On ne va pas en parler. On a eu quelques problémes avec le label mais on est contents d’être sortis sur Noise Museum. Ca nous a fait quand même un tremplin, ça nous a permis de jouer partout en Europe, de collaborer avec plein de gens, de faire la rencontre de plein de gens, de participer à plein de projets différents. Et là, on finit le troisiéme album. Qui devrait sortir sur Planet µ si tout va bien.

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