SOLOMON BURKE – Don’t give up on me
(Fat Possum/PIAS)
La maison de disques Fat Possum, habituellement spécialisée dans la résurrection de bluesmen cacochymes qui ne jouaient plus de la guitare que pour faire pousser plus vite leurs plants de patates douces, vient de tirer de l’oubli quelqu’un qui n’avait rien à y faire : Solomon " Bishop" Burke, docteur en science mortuaire, sexagénaire priapique (une vingtaine d’enfants, tout de même) et accessoirement une des plus belles voix soul de l’Histoire. Rarement en panne de bonnes idées, le label d’Oxford (Mississipi, rien à voir avec l’université d’aviron) a invité son Eminence à trier dans un paquet d’excellentes chansons presque toutes inédites, a loué un studio angeleno et lui a adjoint les services de Joe Henry, jeune producteur modeste mais furieusement compétent. Le résultat est un disque magnifique et passionnant. Si la voix du prêcheur reste aussi dense et profonde qu’une fiole de mercure, le répertoire sélectionné par le jugement de Solomon est de toute première bourre et met remarquablement en valeur ses bouleversantes qualités d’interprète : deux titres de Van Morrisson, un de Brian Wilson, une superbe composition du couple Tom Waits/Kathleen Brennan (" Diamonds in your mind"), une merveille de Nick Lowe-mais là on frise le pléonasme – (" The other side of the coin") et, cerise sur le gâteau, le morceau titre signé Dan Penn (auteur de l’immortel " Dark end of the street"), qui ouvre l’album et le robinet à larmes. Et que les amateurs de ligne claire ayant tendance à fuir les productions parfois pompières de la soul (du genre quarante violons, autant de choristes et un bataillon de cuivres qui remplit la fosse de l’Opéra Bastille) se rassurent. Le producteur Joe Henry (excessivement compétent rappelons-le) a choisi une approche délibérément low-key, avec juste une section rythmique, une guitare acoustique et des claviers discrets, reléguant au fond du mix les chœurs gospel ou un orgue qui avance à pas feutrés. Ce parti pris de la simplicité, de l’accent mis sur la qualité de l’écriture et la spontanéité de l’enregistrement (toutes les chansons semblent avoir été ficelées en une prise) est une totale réussite, en mettant au diapason de la voix d’or de Burke tant l’assortiment proposé que l’écrin sonore qui l’enveloppe. Sans blague, une pure merveille.
Jc
Don’t give up on me
Fast train
Diamonds in your mind
Flesh and blood
Soul searchin’
Only a dream
The judgement
Stepchild
The other side of the coin
None of us are free
Sit this one out