BELLE AND SEBASTIAN – Storytelling
(Jeepster / PIAS)
Je fais partie de ceux qui n’osent se ranger du côté des détracteurs des Ecossais… Groupe très prolifique en matière de maxis comme chacun sait, les deux dernières sorties, "Jonathan David" et "I’m Waking Up To Us", étaient dans la lignée du style belleandsebastianesque, mélodieux et feutré, sensible et classieux mais je ne m’étale pas. Un son très conservateur donc.
Le tournant que constitue "Storytelling" a de quoi bouleverser le fan habituel. Ne pas se laisser impressionner par le nombre de pistes (18). C’est avant tout un disque court (34 minutes), rythmé par des dialogues (avec appui musical parfois), d’un film que l’on ne reverra pas de sitôt en France, et des instrumentaux. Et au final, quelques pop songs plus prévisibles pour la bande à Stuart.
Je dirais que la première écoute se conclut par des espoirs avortés. Peut-être aussi que le sceau de qualité (ou pas) que constitue le label ‘Belle & Sebastian’ y est pour quelque chose. Car ce disque n’est pas vraiment un disque de Belle & Sebastian. Il en conserve la fraîcheur, la sensibilité, il est peut-être plus indolent parfois (les jeunes soeurs Liew se livrent d’ailleurs sur la pochette à une scène d’acupuncture).
L’ouverture ("Fiction") est un morceau instrumental efficace alliant un piano naïf, des violons et une guitare sèche. On retrouve alors la même mélodie plus tard dans la bande-son ("Fiction reprise") avec quelques variations : une basse et un son plus sourd ("Night Walk") ou encore une batterie et plus de panache ("Consuelo Leaving"). "Freak" est une légère envolée de chants suaves et inquiétants.
On n’entend Stuart chanter qu’à partir de "Black and White Unite" (vous voilà rassurés), rien de surprenant et d’innovant mais un morceau toujours agréable à écouter. Ainsi en est-il pour "Big John Shaft" ou encore pour le morceau qui porte le nom du disque ("Storytelling") : Isobel nous offre des refrains entêtants avec flûtes et trompettes discrètes.
Des allures méditerranéennes pour "Consuelo" où une trompette, une contrebasse et des arpèges s’entremêlent, ou encore andalouses pour "Wandering Alone" où les chants sont ensoleillés et les guitares alertes. Mais l’un des morceaux de bravoure du disque est, à mon goût, "Scooby Driver", sur lequel le groupe parvient en un peu plus d’une minute à nous offrir du plaisir à la Boo Radleys.
Comme le précise le groupe dans la pochette, ils ont dû s’aligner sur les désirs du réalisateur Todd Solondz, qui désirait l’équivalent musical d’une ‘femme au foyer caressant sa boîte de poudre de lessive préférée’ (sic). L’inanité apparente des dialogues nous rappelle que ce disque est avant tout une bande son. Ceux qui n’ont pas encore effectué cet achat seront prévenus, vous n’en serez que plus conquis, à condition d’oublier pour une fois ses auteurs.
Jordane
Fiction
Freak
Dialogue : Conan, Early Letterman
Fuck This Shit
Night Walk
Dialogue : Jersey’s Where It’s At
Black And White Unite
Consuelo
Dialogue : Toby
Storytelling
Dialogue : Class Rank
I Don’t Want To Play Football
Consuelo Leaving
Wandering Alone
Dialogue : Mandingo Cliche
Scooby Driver
Fiction Reprise
Big John Shaft