BEULAH
« The Coast was never clear » était l’un des albums les plus sympathiques de l’an passé. Après avoir cherché dans toute la Californie les membres de Beulah, on a mis la main sur Bill Swann, qui a répondu à nos sollicitations…
D’abord, pour aider ceux qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous nous en dire plus sur les musiciens qui se cachent derrière Beulah ?
Les membres du groupe sont, par ordre alphabétique, l’éternellement en retard et toujours fourré dans le bus de tournée : Patrick Abernethy qui joue du synthé. Eli Crews joue de la basse, et, d’après sa mère, est « un ange qui est doué pour tout ». Miles Kurosky joue de la guitare, écrit les chansons, et est notre tour manager et notre dictateur bienveillant pour le reste. Patrick Noel joue du synthé, écrit occasionnellement des chansons, et est un cinglé avec des airs de Mike Tyson et de Bon Scott. Daniel Patrick Timothy Sullivan cogne sur la batterie, accompagne au chant et est un punk expatrié qui admet être entre 23,5 et 40 % gay. Enfin, il y a moi, Bill Swan, trompettiste, guitariste, je fais les chœurs parfois, et je suis celui qui a la silhouette la plus arrondie grâce à l’absorption quotidienne de bière et d’autres alcools.
Comment avez-vous commencé à faire de la musique ?
J’ai commencé à prendre des leçons de violon à l’âge de sept ans à Oshkosh, dans le Wisconsin, mais je présume que la question était pour les origines de Beulah. Miles et moi travaillions dans un centre de tri postal dans la Transamerica Pyramid à San Francisco aux alentours de 1994, et je me demande encore pourquoi un an après cela il s’est décidé à m’appeler pour que je l’aide à enregistrer quelques chansons. Je crois qu’il savait que je ferais ça gratuitement, et qu’en plus je savais jouer de la batterie et de la trompette, ce qui était nécessaire pour notre « duo ». J’étais chanteur et compositeur à l’époque dans un groupe que je voulais quitter, et lorsque Miles m’a demandé d’enregistrer pour lui, j’ai sauté sur l’occasion de tenter quelque chose de nouveau. Après, une fois qu’il est apparu évident que nous allions jouer quelques concerts, nous avons demandé à des amis de venir renforcer le groupe. À ce jour, chaque membre de Beulah est l’ami de quelqu’un qui faisait déjà partie du groupe.
Comment définiriez-vous votre musique ?
Quand des gens dans la rue me le demandent, je leur dis simplement : « Rock and Roll ». Mais à vous, l’auditeur avisé, je dirais : « Smooth Jazz ».
Comment en êtes-vous arrivé à utiliser des trompettes, des cordes (ce qui n’est finalement pas très courant dans la pop indé ou souvent mal utilisé je pense) ?
Je joue de la trompette depuis que j’ai dix ans, et de la guitare depuis que j’ai quinze ans. Les débuts du groupe étaient dans l’enregistrement, pas les répétitions, alors quand Miles s’est aperçu que je savais jouer de la trompette en complément de ma connaissance de la guitare, du chant et du fonctionnement d’un magnétophone, il m’a encouragé à jouer de la trompette le plus possible. En ce qui concerne les cordes, c’est une longue histoire. Sur notre premier disque, Anne Mellinger faisait aussi partie du groupe, car elle était une amie de Miles, et savait jouer du violon, ce qu’elle a fait sur une poignée de chansons. Elle avait un groupe de musiciens à cordes, qui jouait chez elle tous les samedis, et étaient persuadés qu’ils joueraient sur notre prochain disque, « Heartstrings ». On s’est débrouillé pour faire les choses simplement en apportant un magnétophone chez Anne, et Stevie La Follette (notre vieux bassiste) a écrit les partitions pour eux,. J’ai installé les micros et les casques, et démarré l’enregistrement. Ce n’était pas différent d’un autre samedi pour eux en fait, excepté l’enregistrement. Ils se faisaient appeler le « Bierenbach Quartet » même s’ils étaient huit. Vous avez compris : « Beer and Bach » ? Un des musiciens, je ne me souviens plus lequel, s’est un peu fâché lorsque Miles a dit : « merde, on ne va quand même pas mettre « Bierenbach Quartet » dans les crédits ! », mais c’est une autre histoire. On aurait sûrement dû le faire, cela nous aurait évité d’expliquer à chaque interview pour « Heartstrings » pourquoi nous avions employé dix-huit musiciens supplémentaires !
Quel est votre place au sein de la scène indé US ? Le public américain est-il suffisamment à l’écoute de votre musique ?
Absolument. Nous sommes surpris d’être allés si loin, puisque à certains moments, on se sentait vraiment sous-estimés. Maintenant on voit de jeunes groupes nous citer comme influence, et qui ont maintenant un plus large public que nous. C’était à prévoir. C’est dans la loi des choses. Ce n’est pas écrit dans la constitution, et je ne peux pas me souvenir de quand date le précédent.
Comment composez-vous vos chansons ? Est-ce que c’est un procédé facile ou quelque chose de très réfléchi, long et méticuleux ? Est-ce que c’est que c’est quelque chose de démocratique dans votre groupe ?
L’écriture des chansons en elle-même n’est pas un procédé démocratique, mais les arrangements se rapprochent du concept de la démocratie, en tout cas en partie. Miles écrit la plupart des chansons et des mélodies, et il pense à des instruments précis pour certaines parties des chansons. Ceux qui jouent de ces instruments viennent souvent avec ce qui est joué, alors voilà où le concept de la démocratie apparaît. Par exemple, mon plus grand rôle dans ce groupe est de trouver des harmonies qui soient uniques, dans l’instrumentation comme dans les arrangements d’un cor, ou les mélodies vocales qui sont déjà présentes. Parfois Miles choisit un passage de cor, l’améliore et arrange les harmonies autour. Le processus de création de nos disques est très méticuleux de nature. On doit faire en sorte d’être parfaitement en accord. Cela prend du temps.