PORCELAIN – I’ve got a Really important Thing to Do Right Now But I can’t Do It Cause I’m Asleep
(Drunk Dog Records)
L’album s’ouvre sur une vision cauchemardesque : « Cars everywhere » restitue en musique la réalité poisseuse et suffocante d’un échangeur autoroutier aux heures de pointe et introduit l’auditeur à une noirceur qui ne sera, à aucun moment, remise en doute. Car, comme l’illustre bien la pochette, ce disque est avant tout la réunion de 10 variations musicales sur le thème de l’opacité.
Chaque chanson est un chant du désespoir, une complainte quasi funéraire qui raconte les méandres tortueux d’un univers privé de lumière.
Seule, la lumineuse "Cymbeline" agite le spectre d’une possible rédemption, d’un potentiel retour à l’apaisement.
Ce qui plaît dans cet album résolument post-rock, c’est l’évitement assez intelligent des écueils du genre. Porcelain laisse le temps à ces thèmes mélodiques de se développer, les étire et les répète sans les enlaidir ni les boursoufler. Et, si Radiohead apparaît comme une influence irréfutable, les compositions de Porcelain explorent aussi les contrées cold wave jadis jalonnées par Joy Division ou encore The Cure. A ce titre, l’épique "Beautiful/Happy/Drunk" est un bel exemple de réconciliation réussie entre la froideur martiale de l’écriture de Ian Curtis et la tourmente sulfureuse des compositions des gars d’Oxford.
Seule faute de goût : la saturation estampillée "Hugues & Kettner" des guitares de "Cantate" que les métalleux de tous bords ne renieraient pas. Hormis ce faux pas incompréhensible, "I’ve got…" étonne par sa maturité et sa virtuosité discrète toutes en tensions sous-jacentes.
Un bel album qui laisse présager des lendemains heureux pour le groupe et le label dont il inaugure le catalogue.
Refau
Cars Everywhere
The People’s Army
Cantate
Dim Sims & Sleeping Pills
Cymbeline
Sunday
Beautiful / Happy / Drunk
Clay
Zemporary
Ce serait l’été