PERRY BLAKE – California
(Naïve)
Artistiquement parlant, il est toujours louable/profitable de se refuser à camper sur ses positions, fussent-elles des plus nobles. Un premier album à la beauté un peu clinique (je chipote), des concerts, comment dire… ennuyeux, une première maison de disque peu compréhensive (ennuyée ?), le sort de Perry Blake aurait pu être rapidement scellé sans la clairvoyance des français de Naïve. Beaucoup plus vivant que son titre ne le suggérait, "Still Life" semblait magnifier ce qui n’était qu’esquissé sur le premier album. Grand bonheur. Après un album live du même tonneau, l’ami Perry a choisi de changer un peu de registre, comme l’annonce le titre programmatique de cet album studio. "California", soleil, palmiers, filles en bikini ? Pas tout à fait. Les paroles évoquent toujours la perte ou la tristesse et la légèreté ambiante n’est qu’illusoire. Californie, terre de contrastes. Notre Caliméro irlandais n’a pas décroché de ses murs les portraits des vénérables aïeux que sont Nick Drake, Scott Walker ou même David Sylvian. Mais il a dû ajouter celui de Marvin Gaye, pas très loin, comme on le sentait poindre déjà sur certains morceaux de "Still Life" ("If I let you in", en particulier). Voilà qui donne les couleurs d’un voyage entre chien et loup à son rêve américain à l’intimité préservée. Pour ce qui est de la musique, Perry confirme. Confirme d’abord qu’il est très doué. Plongées dans le bain adoucissant de la soul, ses compositions ne perdent pas de leurs qualités, de leurs finesses et les arrangements de Marco Sabiu (dont le pedigree pouvait laisser craindre le pire) sont un régal, apportant aux chansons le côté organique et suave qui leur manquait peut-être par le passé. Du coup, Perry évoque plus que jamais le Brian Ferry crooner délavé de "Boys and Girls", sur "California" (le titre), mais en mieux, sans succomber aux sirènes du son FM de ces temps reculés, voire le Bowie funkisé de "Young Americans". Moins de brumes, plus de soleil : une réussite.
Guillaume
This Life
California
Pretty Love Songs
Saying Goodbye
The Road to Hollywood
How can the Knower be Known?
Ordinary Day
A Face in the Crowd
Morning Song
Venus of the Canyon