MOXIE – Broken Fantasy
(62TV / Discograph) – Site
Faute de pouvoir dire où vous étiez et de ce que vous faisiez lorsque vous avez appris la mort de Kennedy ou l’alunissage d’Apollo, il vous est sans doute arrivé d’évoquer, autour d’un verre, le moment où la vivacité de la scène belge vous avait sauté aux oreilles. Depuis bientôt dix ans, le soi-disant plat pays nous jette son dynamisme à la face et, non content d’avoir engendré un style à part entière – le fameux « son anversois » de dEUS, Venus et consorts -, se paye le luxe d’héberger assez de formations pour embrasser tout le spectre du rock indé. Voilà maintenant deux albums que les quatre Bruxellois de Moxie ignorent ainsi superbement leurs talentueux compatriotes pour défendre d’autres couleurs : celles d’une pop lo-fi décomplexée, estampillée cent pour cent U.S. Et de revendiquer haut et fort cette félonne obédience, puisque après avoir confié la production de leur premier disque à Kyle Statham, guitariste de Fuck, c’est aux bons soins d’un autre californien, le Radar Bros Jim Putnam, qu’ils ont remis l’enregistrement et la mise en forme de ce « Broken Fantasy ». Au terme de cette collaboration : douze titres astucieusement agencés, tour à tour délibérément enthousiastes (« I.C.U. ») ou languides (« Supercat »), et un dénominateur commun évident : la limpidité. Fraîcheur et mélodies sucrées, donc. Le comble pour un groupe qui emprunte son patronyme à un ancêtre du Coca Cola ! Quant à savoir si la formule – guitares gentiment distordues, claviers sympathiquement vintage, et paroles joliment désuètes – fera sa fortune… L’ami Jim semble en être convaincu. Il applique la recette de manière homogène tout au long du disque, lui conférant ainsi une unité certaine, mais étouffant quelque peu les morceaux les plus incisifs (« Every morning »). Ces compositions pourtant purement pop souffrent ainsi de l’atmosphère cotonneuse dans laquelle elles se voient enrobées et d’une manière générale, voient leur mordant érodé par la mise en retrait systématique de la section rythmique. Demeurent des airs irrésistiblement accrocheurs, de bonnes trouvailles – un chœur renversant sur « The beat of your heart », un slide aérien sur « Happy buzz »…- et deux mentions spéciales : la première accordée au mariage des voix féminines et masculines, jamais anecdotique ; la seconde à l’artwork et à son bestiaire surréaliste. Au final, un disque attachant, et d’autant plus gracieux qu’il a le bon goût de ne jamais verser dans l’emphase. Bref, un objet charmant.
Adonis Morusot
Chameleon
The beat of your heart
Supercat
Every morning
Morning light
Love life
I.C.U.
Big adventure
My ideal
Secret
Happy buzz
Broken fantasy