GRANT LEE PHILLIPS – Mobilize
(Magnet Field / Cooking Vinyl / Naïve)
La séparation de Grant Lee Buffalo après un dernier album passé quasiment inaperçu avait laissé une impression de gâchis, de belles promesses tenues seulement à moitié. Comme si le groupe était parti trop tôt, avant d’avoir tout dit. Et puis on avait tourné la page, la place laissée vacante se retrouvant vite occupée par d’autres Américains positionnés sur le même créneau – un rock à la fois terrien et aérien.
Mais Grant Lee Phillips, l’âme du Buffalo, a dû se dire qu’il était temps de revenir aux affaires, en solo cette fois-ci. Plutôt par la petite porte, d’ailleurs : l’album publié ces jours-ci par Cooking Vinyl date déjà de l’année dernière. Et c’est une heureuse surprise. Pas de grands bouleversements, de révolution interne, mais un disque apaisé, léger, équilibré. La voix a abandonné les inflexions héroïques de « Copperopolis », qui faisaient de Phillips une sorte de Bono américain, en beaucoup plus supportable. Ses talents de chanteur n’en sont que plus éclatants. Les grosses guitares (que le groupe savait toutefois utiliser à bon escient) ont été également mises au placard, tandis que programmations electro et arrangements de cordes – on pense parfois à Eels, voire à Notwist – font leur apparition.
Un peu monochrome et répétitif à la première écoute, Mobilize s’impose avec moins d’évidence que « Fuzzy » ou « Mighty Joe Moon », mais révèle peu à peu ses richesses. On décèle même une poignée de singles potentiels (« Humankind », « Sadness Soot », « Beautiful Dreamers ») qui pourraient bien rappeler GLP au bon souvenir de la France (l’un des pays où son groupe fut le plus apprécié). C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter.
Vincent
See America
Humankind
Love’s A Mystery
Sadness Soot
We All Get A Taste
Spring Released
Lazily Drowning
Like A Lover
Mobilize
Beautiful Dreamers
Sleepless Lake
April Chimes