ZEZE MAGO – Courant d’air
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Ce qu’on aime bien chez Zézé Mago, c’est sa persévérance – pensez un bonhomme qui a débuté la musique en 1978 derrière la batterie d’un groupe punk lorrain et attendu 1997 pour publier son premier album ("NoSex"). A l’époque, Zézé avait largement entamé sa trentaine et jeté certaines de ses illusions dans la Moselle mais cela ne l’avait pas empêché de pondre un disque réellement abrasif, avec les potards dans le vermillon et le riff de "Where is my mind?" en tête. Comme un adolescent dont la puberté aurait commencé tard, Zézé Mago n’arrête pas de grandir et laisse désormais à des plus médiocres que lui (Saez, Expérience) le soin de balancer les ritournelles énervées avec lesquelles il s’est fait connaître. Son titre l’indique assez, "Courant d’air" est traversé par une brise de fraîcheur bienfaisante, avec des arrangements plus ouatés concoctés par Stéphane Saunier (Closer, Roadrunner, Nulle part ailleurs) et des mignardises sonores ingénieuses comme la trompette de "A nous", l’orgue malicieux de "Nocturne" ou le violoncelle un peu partout. Les trois premiers titres sont des perles : "je suis meilleur qu’on imagine" sonne comme une version française dans l’esprit de "I’m not like everybody else", les chœurs discrets de "Courant d’air" épousent voluptueusement la mélodie et je vous défie de résister à la ligne de basse tressautante bien que low-profile de "l’école du rire" – la suite, plus homogène, ne tient pas toujours les promesses de ce prologue réjouissant. Certainement pas rock, encore moins pop, "Courant d’air" croise finalement la ligne tracée par les songwriters français à visage pâle et voix blanche (Chamfort-Daho-Burgalat), celle d’une variété au sens noble du terme, compensant le manque de profondeur émotionnelle par la richesse des textures musicales et la finesse de textes suffisamment bien écrits pour oublier qu’ils doivent d’abord être chantés. Dans le genre, une sorte de french touch.
Jc
Je suis meilleur qu’on imagine
Courant d’air
L’école du rire
Ici ou ailleurs
Comptez sur moi
Sans raison particulière
Il faudra que je m’en souvienne
Nocturne
A nous
La nuit commence ici
La neige