TES – Take Home Tes
(VF Prod)
La nature a horreur du vide. Fin 2000, Company Flow vient ý peine de proclamer son split que dÈjý la presse (trËs) spÈcialisÈe lui trouve un successeur. A grands coups de piano effrayant et de voix hallucinÈe, l’impeccable « Acts of Tragedy » montre que la place ne restera jamais vacante et Tes s’impose comme la nouvelle icÙne du hip hop underground et compliquÈ. Depuis, le MC (et producteur, et beatboxer) a recyclÈ ce premier maxi et sa chouette pochette, il l’a enrichi de 5 autres titres et a sorti un EP rÈpondant au doux nom de Take Home Tes. Premier constat : si vous faÓtes trop confiance aux comparaisons Èlogieuses de ces fameux critiques (trËs) spÈcialisÈs en mal de rÈfÈrences, vous serez dÈÁus. Tes n’a rien d’un clone ou d’un suiveur, il a une voix, un style et un son trËs personnels auxquels il faudra dÈsormais vous habituer.
Venu au hip hop par le beatboxing, Tes a appris tout jeunÙt ý maltraiter ses cordes vocales. ThÈtral, possÈdÈ, il articule exagÈrÈment, il appuie chacun de ses mots et profite de son timbre aigre, parfois au bord de la rupture, pour imprÈgner ses paroles d’un ton mordant, dÈrangÈ et dÈrangeant. Les paroles dÈlirantes sont ý la hauteur mÍme si l’homme se complaÓt dans les formules sophistiquÈes (regardez, j’ai rÈussi ý caser le mot « solipsisme » dans mon rap !) et les histoires alambiquÈes (il nous fait un remake du Livre de Job sur « Dualism »). Les beats suivent le mÍme chemin. Tes (et les Neurologists sur deux remixes) leur fait subir tous les outrages. L’Ècoute du seul « Acts of Tragedy » permet de s’en rendre compte. Transportant l’auditeur d’un piano pour le moins menaÁant et de gros coups de caisse claire vers un second mouvement ý la fois speed et ambiant, il annonce et rÈsume les audaces des plages suivantes.
Tes veut et sait manifestement impressionner son monde. Et il y parvient, au moins sur le beatboxing de « Mouth of the River » et sur les deux version de « Sound Investments », tout bonnement prodigieuses, hallucinantes, surrÈelles et sublimes. Mais ailleurs, malheureusement, c’est souvent trop forcÈ, trop chargÈ, trop dramatique et trop pÈdaradant pour convaincre pleinement, ý commencer par un « No Mic Freestyle » pÈnibleÖ comme un freestyle (ý moins de suivre facilement l’anglais de Tes). Tes sait frapper de grands coups, il a gagnÈ ses galons, il faudra le surveiller de trËs prËs ý l’avenir, mais nous attendrons qu’il corrige les effets un peu trop tape-ý-l’oeil de Take Home Tes.
Sylvain
Acts of Tragedy
Solipsism
Sound Investments
No Mic
Mouth of the River
Sound Investment
Dualism
Waveforms