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Disques

Sr. Chinarro – La primera Ópera Envasada al Vacío

SR CHINARRO – La primera Ópera Envasada al Vacío
(Acuarela / Poplane)

SR CHINARRO - La primera Ópera Envasada al VacíoPOST POP ! l’exercice de la classification musicale confine souvent à la crétinerie. Mais si l’on considère que le dernier album de Sr Chinarro est avant tout un oeuvre basée sur l’art de déconstruire pour mieux reconstruire, la dénomination post-pop semble alors particulièrement pertinente.
Pop, l’album l’est sans aucun doute. tous les éléments sont réunis : juxtaposition de guitares acoustiques, ensemble à cordes, pizzicato, quelques notes de piano… Jusque là rien n’est appelé à à trahir le fond la pensée artistique d’Antonio Luque, la tête pensante du groupe. Et puis, le monsieur n’en est pas à ses premiers faits d’arme. On se souvient de son album « noséqué-nosécuantos », pendant espagnol et masculin du délicieux "l’échappée belle" de nos gloires locales Autour de Lucie. On se souvient de ces chansons aux arrangements soignés, de cette production délicate, de ces duos garçon/fille qui lorgnaient avec talent du côté d’un certain genre musical communément appelé "pop anorak". Voilà donc, a priori, l’univers de monsieur Chinarro.

Le travail de déconstruction peut commencer.

Premier élément de compréhension du nouveau discours musical de Luque : la batterie. Son rythme est martial, industrieux voire industriel, emmené par une cymbale insatiable et omniprésente. La basse, ensuite, se fait sporadique mais oppressante servant parfaitement la régularité obsédante de la grosse caisse. Une grande partie de l’esprit de l’album est déterminée par cette implacable section rythmique.
L’autre ciment fondamental du disque est la voix d’Antonio. le chant (en espagnol) est quasi monocorde et les lalala, vieux poncifs moribonds de la popmusic, sont remplacés par des râles plaintifs, souvent douloureux. Une fois encore, Sr Chinarro s’amuse à nous déconcerter en prenant à contre pied nos attentes d’auditeurs candides.
Enfin, c’est au tour des cordes et du piano de participer à cette déconstruction organisée: les mélodies s’affolent, et perdent toute notion de retenue. D’abord minimaliste, puis grandiloquente, la ligne symphonique de l’album semble avoir été dictée par un tinderstick fou.

C’est alors que la reconstruction est possible.

Cette reconstruction tient en une seule trame: la tension. Mais, attention, ne nous fourvoyons pas ; le propos d’Antonio Luque n’est pas de composer une musique destructurée, mais bel et bien de créer une « anti-structure » musicale en juxtaposant un grand nombre de lignes ultra-mélodiques. Et c’est cette agglomération de chansons dans la chanson qui confère aux compositions leur caractère conflictuel. Les guitares tissent des scénarios improbables, mais toujours émouvants. Les morceaux commencent alors même que leurs prédécesseurs ne sont pas terminés faisant de cet album une seule chanson en plusieurs actes. Et puis, petit à petit, on découvre, disséminés tout le long de l’album, des bouts de mélodies sublimes, des trouvailles pop subjuguantes : ici, un arpège cristallin « felt-esque », là, des pizzicato presque dansants, là enfin, un orgue essoufflé bouleversant.

Alors, oui, il est bien question de Post-pop dans ce dernier album de Sr Chinarro : on y parle un discours novateur et pourtant nostalgique, on y découvre un univers inédit mais jamais gratuit, on s’y frotte à une vision musicale progressiste mais pas hypocritement amnési(a)que. Encore un coup de maître en provenance de la section ibérique de l’internationale pop. VIVA LA MUSICA (POST) POP !

Guillaume F.

Salem’s Lot
El recolector de sandias
Con algas como peluca
Ya tienes quien te planche
Robando gusanitos
Falta
Merche

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