COLOURBOX – Best of 82/87
(4AD / Labels)
Naguère label en pointe, 4AD semble se contenter, depuis quelques temps, de gérer son prestigieux fonds de catalogue. Après les Cocteau Twins et Lush, c’est un autre groupe maison, moins représentatif du "style" (ou cliché) 4AD et nettement plus obscur, mais pas moins important, qui se retrouve compilé: Coulourbox, duo formé par Steven et Martyn Young, perdus de vue depuis la fin des années 80 (bien que fort instructif, le texte du livret ne nous apprend pas ce qu’ils sont devenus). On ne s’étendra pas ici qur l’alchimie particulière des "groupes de frères" -des Kinks à Jesus & Mary Chain (pour le côté frères ennemis), des jumeaux Proclaimers aux Shoes-; reste que dans le cas de Coulourbox, celle-ci fut particulièrement fructueuse. A défaut d’être vraiment féconde, d’ailleurs: la paire a finalement peu enregistré, et ce best of ne compte que 10 titres. Absent des dictionnaires, encyclopédies et autres anthologies du rock, Colourbox est pourtant, au même titre que des monstres sacrés comme New Order ou Depeche Mode (ou Hüsker Dü dans un tout autre registre), l’un des groupes les plus novateurs et "séminaux" des si décriées années 80, et cette rétrospective en apporte la preuve éclatante. Quelques morceaux peuvent être rattachés à des genre bien balisés: l’électro-funk new-yorkais pour "Breakdown" (1er maxi), le dub pour "Baby I love you so" (chanté par Lorita Grahame), ou la musique répétitive pour le surprenant "Philip Glass" (oui oui, c’est le titre!). Mais le plus souvent, les frères Young ont joué les défricheurs, comme le firent à la même époque, et sur des voies parallèles, les plus conceptuels Art of Noise ou le facétieux Holger Czukay (de Can). Comme eux, Colourbox a innové en incluant dans ses morceaux des bruits, dialogues de films, riffs pris dans d’autres disques, et ce bien avant que se généralise l’usage du sampler. Un morceau comme "Just give’em whiskey" rappelle même les Avalanches, en beaucoup plus fruste certes. Ironie du sort, c’est sous un nom d’emprunt que les très discrets Steven et Martyn (qui n’ont jamais été intéressés ni par la scène, ni par le statut de star) décrochèrent leur unique tube: "Pump up the volume", signé M/A/R/R/S, association éphémère avec les artificiers d’AR Kane, autre groupe qui n’a jamais eu la reconnaissance qu’il méritait. Un morceau (ici livré dans sa longue version USA 12") dont la musique pop ne s’est toujours pas remise, et qui constitue le sommet de cette compilation tout bonnement indispensable.
Vincent
The Official Colourbox World Cup Theme
Baby I love you so
M/A/R/R/S : Pump up the volume
Looks like we’re shy one horse
Arena 2
Just give’em whiskey
Philip Glass
Breakdown
Sleepwalker
Hot Doggie