HERMAN DÜNE – Switzerland Heritage
(Prohibited Records / Wagram)
Les frères Herman Düne avaient débarqué un peu de nulle part l’année dernière avec un disque folk empli de la beauté abrasive, brute et minérale d’une pierre précieuse à l’état naturel. Vite assimilé à l’artificielle « nouvelle vague acoustique », Herman Düne s’inscrivait plutôt tout simplement dans la lignée d’un père spirituel, Will Oldham. Ce dernier a désormais réellement de quoi craindre cette progéniture qui en termine avec son complexe d’Oedipe grâce à un deuxième album cinglant. En s’affranchissant de leur maître de Palace Brothers et en le dépassant (peut-être), Herman Düne tue le Père et se porte bien.
Il faut dire que les Herman Düne parviennent ici à décoller l’étiquette lo-fi qui leur était affublée depuis leur premier opus. Mais pas de virage trop radical pour autant, le son devient juste un peu plus ample, plus puissant pour lorgner parfois vers la brutalité d’une P.J. Harvey. La deuxième nouveauté se situe au niveau de l’instrumentation qui auparavant se limitait essentiellement aux guitares et à une batterie rudimentaire, alors qu’ici on retrouve les deux frangins au violon, à l’harmonica et accompagnés ici et là de claviers sommaires, de trompette. Troisième nouveauté : les parties de guitare deviennent plus complexes que sur « Turn Off The Light », leur premier album. Les guitares restent d’ailleurs les grandes gagnantes de la musique d’Herman Düne. Au contraire de Kings Of Convenience chez qui les accords sont autant de caresses doucereuses, les guitares d’Herman Düne demeurent mal-propres et irrévérencieuses à force d’être torturées par leurs propriétaires. Herman Düne a la guitare à fleur de peau : les cordes claquent, vibrent et grincent autant qu’elles peuvent. Les rois de l’inconfort, Herman Düne? Peut-être… En effet c’est bien l’émotion ici qui prime sur la recherche de mélodies et d’arrangements proprets.
Pourtant « Switzerland Heritage » n’en est pas moins accessible ni moins doux à l’oreille (paradoxalement). Ainsi passe-t-on avec une simplicité déconcertante du blues décharné et accrocheur de « Black Cross » à des balades désespérées et contemplatives (« Little Architect », « Martin Donovan In Trust ») en passant par le très Velvet Underground « Coffee & Fries ».
Les voix des deux Herman (chantant souvent en duo) ont aussi leur rôle à jouer dans la construction de cette magie folk. Parfois graves, souvent fragiles et toujours émotives, elles sous-tendent la sensibilité (omniprésente) des morceaux par des harmonies intelligentes.
Comme les oiseaux que les Herman Düne aiment décrire dans leurs chansons, ils bâtissent là un véritable nid musical. Quelques brindilles et gribouillages (voire les pochettes de leurs albums) leur suffisent pour construire un cocon, certes rugueux, mais duquel il devient très difficile de s’extraire.
monsieur Morel
Two Crows
HD Rider
The Speed Of A Star
Blinded
Black Cross
Little Architect
Martin Donovan In Trust
Going To Everglades
Not Knowing
Pukka
With A Tankful Of Gas
Coffee & Fries
After Y2K
Expect the Unexpected
Stanley Brinks – “BC” & “Taf Taf” – POPnews
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