LUKE – La Vie Presque
(Le Village Vert / BMG)
"La Vie Presque" est un délicieux résumé de ce qu’évoquent les 12 chansons du premier album de Luke. Elles énumèrent chacune à leur tour des destins semi-accomplis, des vies à demi-achevées, des amours en devenir et autres instants en demi-teinte. La "vie presque", véritable concept de cet album, est cette partie de la vie non encore vécue qui nous fait penser qu’elle n’est jamais réussite totale. Mais "il faut se réécrire" chante Thomas, auteur des textes, sur "La vie d’en face" ce qui laisse penser que la "vie presque" est également cette partie de nos destinées qu’il reste à réaliser pour la rendre meilleure. Tout ça pour dire que, loin des chanteurs qui se font les pseudo porte-parole d’une génération en mal de rébellion, Luke dans ses textes introspectifs tout en nuances se révèle touchant.
Il faut dire que les membres de Luke ne sont pas des débutants et savent donc éviter les écueils de la jeunesse. Ces musiciens se sont effectivement déjà révélés au sein de Spring, Purr ou encore NFL 3. Un raccourci facile serait alors de résumer la musique de Luke à une collaboration inédite entre Miossec et Coldplay. En effet le goût du texte et une voix parfois proche du premier côtoient les guitares lumineuses des seconds. Mais ce serait trop réducteur car la "La Vie Presque" possède une réelle personnalité propre qui renvoie l’auditeur finalement autant à Spring (signé sur le label espagnol Elefant Records au milieu des années 90) et Tue-loup qu’à Coldplay et Miossec. Mais la prouesse de Luke reste tout de même de signer un album sous influence britannique sans renier "la nouvelle scène française." Un grand écart tout en souplesse…
Pour en être convaincu, il suffit d’écouter le premier titre de l’album où l’électricité de la guitare ne semble jamais avoir été autant en harmonie avec les autres instruments à force d’arpèges voluptueux. Le deuxième titre enlèvera vos derniers doutes quant au savoir-faire de ces larrons qui dans un final magistral laissent exploser la rage contenue du morceau. Au fil des chansons les claviers deviennent de plus en plus présents jusqu’à plaquer les guitares pour s’offrir un final aux accents délicieusement new-wave sur "J’aurais aimé te plaire". Tout ce beau monde se réconcilie sur "La Dérive", une conclusion délicate qui n’est pas sans évoquer les bidouillages de Grandaddy qui ont su eux-aussi mêler boucles électro et guitares sèches.
Dans le sillage de Noir Désir et des projets expérimentaux, en étant assez accessible sans être trop formaté, le rock français est de retour : Luke est Là.
monsieur Morel
Se Taire
La Cour des Grands
Comme Un Gant
Encore Une Fois
J’Aurais Aimé Te Plaire
A Nos Amis
Dimanche De Vote
Je N’Eclaire Que Moi
Xoldo
La Dérive