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Interpol – Interview


Interpol - (c) Guillaume SautereauUne voix évoquant Ian Curtis, des guitares qui rappellent les cris lancinants d’ « How soon is now? » et surtout une atmosphère mélancoliquement brumeuse et volontairement rêveuse, les quatre New Yorkais d’Interpol ont façonné leur univers et envahissent le nôtre.

Une musique qui sonne comme pourrait le faire la perte de l’insouciance de la jeunesse, avec un arrière-goût amer qui reste collé au palais… Des atmosphères tristes soutenues par le rythme martelant des guitares qui enchaînent le même accord pour mieux libérer toute cette douce rage remplie de spleen… Ces mêmes guitares et basses qui mettent en valeur le rythme, comme dans « Precipitate », où vient alors se greffer la voix profonde et grave, rehaussée par l’aigu de la musique.

Une musique qui pourrait sombrer dans le répétitif et le linéaire sans cet art de moduler subtilement la mélodie, par quelques accords changeants, par un chant qui devient plus intense et par des ruptures entre passages saturés et dépouillés, ajouts, guitares lançant une note comme un cri désespéré au milieu du morceau « A time to be so small »… La répétition devient rengaine, fondement de l’émotion qui naît chez l’auditeur et qui le travaille sans relâche jusqu’à la fin du morceau, où il culmine alors au sommet de cette amertume sucrée, montée par degrés indétectables.
Écouter Interpol les yeux fermés, imaginer une soirée humide dehors, où regrets de ce qu’on a perdu et nouveaux espoirs se confondent dans une mélancolie teintée de bonheur pur.

Et une fois sorti du rêve, apprécier le look dandy du groupe et se dire que l’élégance et la poésie sont toujours de ce monde…

Pour commencer, peux-tu nous dire comment le groupe s’est formé ?
Interpol s’est formé pendant que nous étions tous à l’université , il y a 2-3 ans. Je voulais vraiment créer un groupe et par la suite, soudainement, je me suis retrouvé à former Interpol… J’ai rencontré les différents membres du groupe à l’université… Greg, notre premier batteur, habitait dans ma cité U, Carlos suivait les mêmes cours d’histoire que moi et j’ai rencontré Julian lors d’une université d’été à Paris. Sam a remplacé Greg il y a environ 1 an et demi et depuis on s’investit réellement à fond !

Pourquoi ce nom, « Interpol » ?
On a eu une série terrible de noms avant de choisir définitivement « Interpol »… En fait, il n’y a pas de raisons particulières…On aimait tous le nom et l’on trouvait qu’il représentait assez bien le groupe.

Quelle est votre approche de la musique ?
Le truc, c’est qu’on ne prévoit rien en avance… Ça arrive, en quelque sorte, comme ça, tout seul, simplement… On n’essaye pas d’écrire des chansons tant que nous n’approchons pas certaines atmosphères que nous voulions atteindre… Les chansons se forment juste à partir de là… Des idées peuvent me venir quand je regarde un film ou autre chose… Un film, par exemple procure une sorte de d’humeur, de sensation instantanée (si c’est un bon film !), ce qui me pousse à créer, à me concentrer sur une partie spécifique de guitare.

Comment ressentez vous le fait que la plupart du temps on vous compare à Joy Division ?
Nous avons conscience que quand les gens écoutent de la musique, ils ont besoin presque automatiquement de poser des références sur celle ci… On comprend que c’est quelque chose que nous ne pouvons pas contrôler. Cependant, nous n’avons jamais essayé d’appliquer des influences précises à notre musique. On s’implique totalement quand il s’agit d’écrire un morceau et l’on se concentre réellement sur la progression même de cette dernière. Nous avons vraiment confiance dans ce que nous faisons et nous ne laissons pas des éléments extérieurs venir perturber notre processus de création. Nous sommes vraiment ouverts au fait que le son que nous avons aujourd’hui ne sera pas celui que nous ferons demain… Nous voulons explorer toutes les directions musicales qui nous intriguent et cela sans aucun paramètre prédéterminé…

Les atmosphères que vous créez sont, pour la plupart, très triste, une sorte d’approche mentale très sombre, est ce que vous considérez que le rock est le seul moyen d’ « exorciser vos démons » ?
Oh… je ne le savais pas… Je pense que nous essayons seulement d’approcher certaines ambiances musicales que nous voulons explorer… Je crois qu’Interpol aura toujours besoin d’exprimer une ambiance, une atmosphère particulière avant de réellement l’insérer dans un morceau.

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