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Disques

M. Ward – End Of Amnesia

MATT WARD – End of amnesia
(Les disques Mange-tout/Poplane)

MATT WARD - End of amnesia
Quelques mois auront été nécessaires pour appréhender pleinement ce disque : à la fois plus discret et plus ambitieux que son prédécesseur Duet for guitars#2, End of amnesia est une oeuvre à combustion lente, pas à consommation immédiate, qui demande un temps d’approche chez l’auditeur. Mais au final, pas de doute, on tient là un des tous meilleurs
disques de l’année, toutes catégories confondues. Si ce disque en premier lieu séduit celui qui s’y aventure, c’est par des éléments somme toute classiques : des mélodies et des morceaux en clair-obscur (le sublime Ella, par exemple), une voix terriblement proche et touchante, à la limite de l’aphonie et du déraillement, et enfin une production modèle qui
met en perspective tous les pleins et déliés du disque. Si cet « effet proximité » (le propre des musiques issues du folk) est bien le déclencheur d’un enthousiasme à la fois plus intense à chaque écoute, il y a autre chose. On n’a pas là qu’un très bon disque vespéral et nocturne, mais également un disque important. Mine de rien, Matt Ward porte avec « End of Amnesia » un vrai projet musical contenu dans le titre : une réappropriation de l’ensemble
de l’héritage des musiques populaires américaines, pas moins ! Dans la lignée de l’album précédent, les racines country et folk (de Jimmy Rodgers à John Fahey) irriguent la plupart des morceaux (l’instrumental End of Amnesia, la ballade Archangel tale). Mais cette fois-ci, Matt Ward descend plus en aval, explorant à sa façon le rock’n’roll 50’s (Flaming hearts), la ballade de crooner (Bad dreams) ou encore la pop blafarde du Velvet
underground (So much water). Bien que quelques samples interviennent comme des citations introductives, on n’a pas vraiment affaire à une démarche à visée archéologique. Matt Ward a réussi le tour de
force de cannibaliser tout un pan de la musique US et de transformer cet acquis en point de départ (et non pas point de chute). À la fois héritier et orphelin, Matt Ward fait la jonction entre passé, présent et futur de la musique populaire yankee, tout en proposant une des musiques les plus personnelles qui soient. Chapeau bas.

Laurent

End of amnesia
Color of water
Half moon
So much water
Bad dreams
Archangel tale
Silverline
Flaming heart
Carolina
From a pirate radio sermon, 1989
Psalm
Ella
Seashell tale
O’brien/O’brien nocturne

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