THE STROKES – Is This It
(RCA / BMG)
"Méfiance! Méfiance !". C’est ce que je me disais au moment où j’allais découvrir le premier album des Strokes. Et oui, Dieu sait que j’étais sur mes gardes face à un groupe qui, avec à peine deux EP sortis dans le commerce, déclenche l’engouement généralisé de la presse. Mais force est de constater que cet album, « Is This It », est incroyablement bon, sans rien apporter de nouveau au rock si ce n’est des chansons aux mélodies imparables et à l’énergie communicative. A la première écoute, l’album des Strokes paraît être un album revival qui sent bon la nostalgie du CBGB. « Is This It » aurait pu être enregistré en 1968 que ça ne m’aurait pas choqué plus que ça tellement la production de Gordon Raphael (déjà croisé sur le dernier album des Satellites) sonne brute et vintage, tellement on a l’impression d’entendre Lou Reed accompagné ici et là par les Ramones ou Television. Ce qui dérange peut-être c’est justement l’aspect trop référencé de la musique des Strokes. Mais ce sentiment s’estompe bien vite face à l’euphorie que déclenchent ces 11 titres, face à ce condensé d’histoire du rock new-yorkais qui donne vite envie d’aller se balader dans Times Square jeans troué, lunettes noires et chemise débraillée sous un blouson de cuir usé jusqu’à l’os. Les Strokes vous insufflent un pulsion de vie, une vie que l’on souhaiterait sans temps mort à l’image de cet album.
Il devient alors de plus en plus difficile de résister à ces morceaux aux riffs imparables extraits de guitares et d’amplis sans âge (Jon Spencer n’est pas très loin), aux rythmiques tonitruantes qui décrocheraient un head banging au plus grand fan de Spain et à ce chant qui ose des petits gloussements dignes d’un Chuck Berry. Si difficile d’y résister qu’on en vient alors à se demander si cet objet musical sous ses allures de simplicité et d’album de genre n’est pas plus subtil qu’il n’y paraît. « Is This It » sans révolutionner quoique ce soit, regorge en effet de petites trouvailles mélodiques (les deux guitares s’harmonisent comme rarement dans le rock), de lignes de basse entêtantes, de textes bien ciselés. Et si c’était cela la post-modernité dans le rock : Une subtile nouveauté dissimulée sous un classicisme musical pris au second degré.
La musique des Strokes est en tout cas celle de l’urgence. Cette urgence devient rapidement la nôtre, l’urgence de se replonger dans leur musique.
monsieur Morel
Is This It
The Modern Age
Soma
Barely Legal
Someday
Alone, Together
Last Nite
Hard To Explain
New York City Cops
Trying Your Luck
Take It Or Leave It