ENCRE – S/t
(Clapping Music / Chronowax)
Il y a dans ma discographie des albums que je classe dans la catégorie " dangereux ". Il s’agit en général d’albums si sombres et désespérés qu’on ne peut même plus les assimiler à un romantisme ténébreux et accueillant. Certains disques de Joy Division, Arab Strap, Frankie Sparo ou encore Programme et Mendelson sont à ce titre des albums dangereux qu’on pose sur la platine avec des sueurs froides mais dont on peut bizarrement ressortir un peu guéri les jours de déprime car c’est bien connu, on combat toujours le mal par le mal. L’album de Encre pourrait bien rejoindre ce club très fermé.
Derrière Encre se cache un certain Yann Tambour qui signe ici un album électro qui n’en a que le nom. En effet, la musique d’Encre largement construite à partir de samples sonne paradoxalement organique, presque acoustique parfois. La guitare sèche est omniprésente, une batterie jazzy enveloppe le tout pour laisser parfois le place à quelques cuivres chaleureux et à un chant susurré qui délivre des textes délicats mais angoissés. Seuls quelques samples de cordes vous apporteront un peu de lumière dans cet univers musical grave. On est évidemment plus proche ici du postrock que de la pop légère et décomplexée.
Le côté intransigeant de cet album est aussi une de ses limites. Aucune mélodie facile, une noirceur sans second degré, une texture sonore sale (grincements, moteurs qui crachent sont de la partie), tout ça fait qu’encre n’est pas un album qu’on écoute en boucle. Mais l’album d’Encre sera sans aucun doute un album dans lequel j’aimerais me plonger pour y trouver l’effet d’une catharsis musicale. Yann vous jette son encre à la figure pour purger ses peurs et ses obsessions et ça nous fait du bien.
Monsieur Morel