CLOUDDEAD – cLOUDDEAD
(Big Dada)
Depuis environ deux ans, le label Anticon s’est affirmé comme un monde à part au sein d’une scène hip hop indépendante en croissance exponentielle. Basé comme tant d’autres sur la Baie de San Francisco mais originaire d’autres cieux, il su fédérer autour de lui une importante communauté de rappeurs marginaux, incapables de s’affirmer dans un hip hop jusqu’ici majoritairement noir et fidèle à son imagerie ghetto. Il n’y a qu’à jeter un il sur le très fréquenté forum Internet du label pour constater qu’Anticon est devenu une gigantesque machine à recycler anciens adeptes de pop indé et d’electronica en quête de nouvelles sensations : on y parle bien plus souvent de Radiohead, de Belle & Sebastian, de Björk, de Sebadoh et de Tortoise que de rap. Parallèlement, les premiers grands magazines à s’être penchés sur le label sont The Wire et Muzik en 2000.
Disponible par le biais de l’audacieux label Big Dada, subdivision hip hop de Ninja Tune, cLOUDDEAD est le premier album issu d’Anticon à être distribué en France. Manque de bol pour ceux qui souhaitaient s’initier en douceur à ce son, c’est aussi le plus extrême jamais sorti et par Big Dada, et par Anticon. Projet conjoint du producteur Odd Nosdam, du MC Why? et surtout du fantasque et prolifique MC Dose One, reconnaissable à sa voix nasillarde et habitée et par ses paroles fantaisistes, cLOUDDEAD frappe fort. Plus abscons que jamais, le rappeur de l’Ohio et son comparse posent sur des compositions éthérées qui ont franchement plus à voir avec le post rock ou l’ambiant que le hip hop.
Comme toujours chez Anticon, il est difficile d’en tirer un jugement tranché, et facile de se joindre à la foule de ses détracteurs. Les prétentions poétiques et les velléités expérimentales de cLOUDDEAD, ces longues compositions en plusieurs mouvements surmontées de paroles abstraites, évoquent toutes un nouveau rock progressif qu’on ne souhaiterait pas trop voir s’étendre. Mais la magie réelle qui s’échappe de compositions comme les deux ‘Jimmy Breeze’ ou ‘Apt.A (2)’, et même de la plupart des autres, incite à la clémence. Le temps de s’acclimater et de digérer tout cela, cLOUDDEAD vient plutôt s’inscrire du côté des grandes réussites d’Anticon, comme Them ou Circle l’an dernier, que de ses quelques ratés.
Sylvain
Apt. A (1)
Apt. A (2)
And all you Can do is Laugh. (1)
And all you Can do is Laugh. (2)
I Promise Never to Get Paint on my Glasses Again. (1)
I Promise Never to Get Paint on my Glasses Again. (2)
JimmyBreeze (1)
JimmyBreeze (2)
(Cloud Dead Number Five) (1)
(Cloud Dead Number Five) (2)
Bike (1)
Bike (2)