THE BLASCO BALLROOM – Film
(Free Union/Zbench rec.)
Voici un disque venu de nulle part mais qui ne va pas quitter nos platines de sitôt. Projet solo sous emballage collectif, The Blasco Ballroom a pour unique propriétaire un certain Frédéric Blasco, Parisien exilé sur la côte Est des Etats-Unis. Avec quelques amis (dont Michael Hearst, collaborateur de Sparklehorse, et Lauren Hoffman), il a tourné ce "Film" résolument indépendant, plus proche de Jarmusch ou Cassavetes que de la grosse machinerie hollywoodienne.
L’album déroule neuf chansons lentes, ténébreuses, presque minimalistes, avant de s’achever sur un morceau étrange, où un talk-over grésillant, monté en boucle, se noie dans des vagues d’orgue sépulcral.
Privilégiant l’acoustique et les instruments traditionnels, The Blasco Ballroom s’inscrit dans cette lignée américaine qui, de Sparklehorse à Calexico, de Lullaby for the Working Class à Souled American, du Français de Spokane Théo Hakola à Lambchop, puise dans le passé pour imaginer une musique neuve, à la fois terrienne et élégante. Difficile de ne pas évoquer aussi les Tindersticks de "Blood" ou "Piano song" à l’écoute du sublime "Yours" : même voix de velours sombre, même arrangements d’aquarellistes, même désespoir qui porte beau.
La salle de bal un peu triste, un peu fantôme de Blasco n’est certes pas un dance-floor, mais on y passera volontiers ses soirées, le cœur bien au chaud.
Vincent