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Disques

Richard Buckner – The Hill

RICHARD BUCKNER – The Hill
(Overcoat recordings)

RICHARD BUCKNER - The HillRichard Buckner est un type à part : un genre de cowboy solitaire jamais au repos, un géant qui aurait pu être trappeur ou chercheur d’or au siècle dernier, et auquel on n’aurait pas osé chercher des noises. Si la rencontre avec son premier disque, Bloomed, en 1994 (et récemment ré-édité) avait été un choc -notamment du à la voix incroyable de Buckner, entre Richard Thompson et un grizzly mal luné- observer son évolution musicale depuis lors était une véritable joie teintée d’amertume. Car The Hill est déjà son quatrième album. A peu près totalement inconnu dans nos contrées faute de distribution, Buckner mérite pourtant une audience beaucoup plus large qu’un strict noyau dur de fans d’alt-country. Car il est plus qu’un songwriter interprétant des chansons déchirantes : s’il est effectivement parti de racines très country-folk et d’une formule voix/guitare, Richard Buckner a su élargir son territoire dès son deuxième album, Devotion+doubt (réalisé en compagnie de Giant Sand et de Marc Ribot), puis s’éloigner définitivement de l’orthodoxie country-folk avec Since, enregistré lui avec des membres de la connection chicagoanne Tortoise/Gastr del sol. Un album à la fois plus direct et plus abstrait, qui l’aurait vraisemblablement installé comme le digne continuateur d’un Townes Van Zandt si l’album avait été distribué en Europe. Curieusement, c’est ce quatrième album qui va sûrement le faire (re)connaître par ici. On écrit "curieusement" car The Hill est totalement à part dans la production actuelle : il s’agit de l’adaptation musicale de "Spoon River anthology" poèmes de Edgar Lee Masters (de 1916), monologues écrits de la tombe par les habitants d’une commune fictive de l’Illinois, Spoon River, sombres histoires de haines intra-villageoises et de meurtres. Outre cette thématique gothique, le disque ne comprend qu’une plage de 34 minutes (principe utilisé dans le Lovesexy de Prince ou le Land speed record de Hüsker dü), regroupant 18 "sections"/épitaphes, adaptations des poèmes (certaines chantées, d’autres instrumentales) ! Donc, a priori pas facile… Et pourtant…loin d’une adaptation littéraire sèche et scolaire, ce terrifiant album est une merveille : courtes pièces instrumentales, fragments d’expérimentation, country-blues, hollers a-capella, murder ballads forment le paysage musical cohérent d’une petite ville peuplée de fantômes. Produite par JD Foster, ex-Vulgar boatmen, et épaulée par le violoncelle et les percussions de Calexico, la musique de The Hill est d’une densité et d’une intensité incroyables. Notamment en raison de la voix si particulière de Buckner : comme celles de Richard Thompson ou de Van Zandt, elle est douée du pouvoir d’incarner les chansons interprétées. C’est en ceci que cette musique est étonnamment proche du gospel : par son violent pouvoir d’évocation et d’incantation, elle ramène les morts à la vie. Ce disque est un miracle et Richard Buckner est son prophète.

Laurent

1.Mrs. Merritt
2.Tom Merritt
3.Elmer Karr
4.Ollie McGee
5.Fletcher McGee
6.Julia Miller
7.Willard Fluke
8.Elizabeth Childers
9.A.D. Blood
10.Oscar Hummel
11.Nellie Clark
12.Johnnie Sayre
13.Dora Williams
14.Reuben Pantier
15.Emily Sparks
16.Amanda Barker
17.The Hill
18.William & Emily

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