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Disques

Half Mexican Teen Witch – Desert Home Collection

HALF MEXICAN TEEN WITCH – Desert Home Collection

HALF MEXICAN TEEN WITCH - Desert Home CollectionLe son de ce disque n’est même pas Lo-fi. Il est tellement pourri que sans lire la bio je pourrais vous raconter l’histoire de son origine : c’est par une nuit sans lune que des adolescents apeurés ont déterré ces bandes dans les décombres calcinés d’une chaumière perdue au milieu d’une forêt hostile. Couvertes de boue, de sang coagulé et de cendres, rayées, froissées, coupées, décomposées elles mettent du temps a révéler leur secret. Et puis ça y est, un label a finalement le courage de nous révéler la malédiction du Half Mexican Teen Witch project. D’ailleurs, quand le disque atterrit sur le bureau il est encore couvert de substances gluantes et écœurantes et le son des bandes torturées gratte et se contorsionne de douleur avant de s’échapper lentement des hauts parleurs en un cri libérateur.
En fait, malgré ce son misérabiliste, les trente trois complaintes de David Lamplugh ne sont pas sorties de la bande son d’un pseudo film d’horreur mais de son appartement de la banlieue d’Austin où il enregistre obstinément ses pensées quotidiennes. David est un phénomène prôche de Daniel Johnston ou de Sid Barrett. Desert Home Collection propose une sélection de ses enregistrements faits maison entre 1994 et 1996. La longue période d’enregistrement et le nombre de titres font de ce disque une œuvre variée qui rappelle tour à tour les bricolages musicaux de "Winning Losers", les mélodies minimales et tordues d’"Opal" ou les complaintes d’"I see a Darkness". Variant les instrumentations entre le bon vieux casio dont le do ne marche plus et la guitare rachetée pour 10 balles à la charity shop du coin de la rue, ce n’est pas aujourd’hui que David va faire de la concurrence à Divine Comedy. Parfois, dans des moment presque pop, il essaye d’agrémenter ses compositions Beatlesienes d’un peu d’harmonica ou de melotron joués en dehors du ton par un orchestre de clochard bourrés au Don Fulgence. Sinon, le reste des titres est ratiboisé et subit les pires traitements dues aux bandes antédiluviennes et mainte fois re-utilisées dont il se sert pour l’enregistrement. Le son est rugueux, abrupt et déconcertant. Certains titres frôlent l’inécoutable, d’autres sont inaudibles. Avec trente trois titres ce disque est lourd à digérer et ne s’écoute certainement pas d’une traite, mais il délivre avec parcimonie de rares merveilles pour qui accepte de se plonger dans la boue.

Gildas

(Poplash records / import)

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