HAIKU D’ETAT – Haôku d’Etat
(Pure Hip Hop)
Point de référence absolu, pierre philosophale du hip hop, Project Blowed ne cesse d’enfanter. Pour preuve cet album d’Haiku d’Etat qui, plus de 5 ans après sa sortie, perpètue le forme et l’esprit de la compilation légendaire qui avait renouvelé le son de la Côte Ouest et lancé un style qui ferait florès sous des formes diverses, voire antagonistes, aux quatre coins des Etats-Unis. Rien d’étonnant à cela, puisque les membres de ce groupe au nom si singulier ne sont autres qu’Aceyalone et Mikah 9 (de Freestyle Fellowship), adjoints à Abstract Rude (le fondateur du Project Blowed avec le premier cité) et épaulés par le percussionniste Adrian Burley, chargé pour sa part de l’instrumentation live (pas de machine) qui sied à ces gens.
Les personnes familières à cette école musicale ne seront pas surprises par le nom particulièrement abscons du groupe et de l’album. Même si l’adjonction des termes "haïku" et "coup d’état" sonne étrange et maladroite aux oreilles françaises, elle résume fidèlement l’esprit d’une úuvre qui associe la concision et la force d’évocation de la poésie japonaise à une révolution bien menée du palais hip hop. Bien sûr, l’album est l’occasion d’un prodigieux effort de emceeing, tant avec les paroles qu’avec ces phrasés caractéristiques qui s’émancipent fortement du seul rap. Mais la musique aussi évolue, elle accomplit imperceptiblement de multiples métamorphoses et traverse de nombreux univers musicaux, depuis les deux titres chantés du début ("Haïku d’Etat" et "Non Compos Mentis") jusqu’à l’étrange "that’s tight, I like that" répèté ad vitam eternam par Aceyalone à la fin, sur fond de basse minimaliste et avec un toussotement en prime.
Chant, mélopées africaines ("Studio Street Stage"), vapeurs de la ganja et dub oppressant ("Los Dangerous"), rap à la cool ("S.O.S.", "Firecracker", "Other MC’s"), déclamations sur fond de vieil orgue ("Still Rappin"), délire avant-gardiste structuré autour d’un célèbre thème orientalisant ("West Side Slip n’ Slide", le point d’orgue de l’album), retour vers la Jamaôque avec une reprise de Bob Marley ("Kaya") sont quelques unes des étapes du long voyage d’Haôku d’Etat. Un voyage dépaysant, tour à tour apaisant et exténuant, mais redoutablement bien organisé sur ce nouvel avatar indispensable de la longue lignée inaugurée au début des 90’s par Freestyle Fellowship et par le Project Blowed.
Sylvain
Haiku d’Etat
Non Compos Mentis
Studio Street Stage
Los Dangerous
Pro Tool Robots
Wants vs. Needs
S.O.S.
Firecracker
Still Rappin’
Other MC’s
(Untitled Interlude)
West Side Slip n’ Slide (feat. P.E.A.C.E.)
Kaya
(Hidden Bonus Material)