JJ72 – JJ72
(Lakota Recordings / import)
Tout d’abord, il y a cette pochette : fond noir, deux J blancs, un 7 et un 2 grisâtres. Magnifique. Et puis commence "October Swimmer" : ils sont beaux, ils sont jeunes, ils jouent de la guitare et il a une voix qui tend à faire des montagnes russes. Aïe! Seraient-ce de nouveaux Muse? Parce que, voyez-vous, en général Muse m’use sérieusement (ces bons mots m’amusent toujours d’ailleurs. Merci à celui qui les a inventés). Heureusement, dès "Undercover Angel" et le single "Oxygen", on se rend compte que ce n’est pas si simple que ça. Impossible de coller une étiquette aussi facilement que ça : il y a ici des arêtes et des profondeurs qu’il va falloir scruter attentivement.
Sur "Willow", la voix de Mark Greaney est aiguillonnée par quelques violons. Sa voix fragile possède un grain androgyne subtile et inquiétant, à côté duquel la voix de Brian Molko ressemble à un chant de canard blasé. Après "Surrender", grande soeur épileptique de "Willow", c’est le choc. Impossible de résister à la dynamique gloutonne de "Long Way South". Une énergie froide et une dynamique martiale qui plongent leur racines dans les "Isolation" et les "She’s Lost Control" des joyeux drilles de Joy Division (cette pochette rappelle tout de même quelques vieux plaisirs inconnus, non?). Le même Brian Molko a tellement pleuré de jalousie en entendant ce titre que son rimel a coulé tout plein sur sa minijupe blanche. Foutrebleu!
Et la suite de l’album est pétrie de cette même pâte à base de guitares amères, de voix bouleversante et de structures désarticulées. A en avoir le vertige. Ecoutez cette valse-spirale de "Not Like You" et tombez à genou.
"JJ72", c’est l’album après lequel Geneva court toujours. "JJ72", ce sont des anges qui hurlent de douleur au-dessus d’un océan de volupté. Pas de doute, JJ72 a une classe terrible.
October Swimmer
Undercover Angel
Oxygen
Willow
Surrender
Long Way South
Snow
Broken Down
Improv
Not Like You
Algeria
Bumble Bee